Funny Games.

Il faut écouter Naked City à l'aveugle. Sans savoir du tout ce qui peut bien se cacher derrière cette photo d'un mec éclaté sur le trottoir.
Si ça peut faire penser à un groupe de Death voire de Grind, les premiers morceaux feront dire "ouais bah c'est quoi cette musique de film érotique de mauvaise qualité ?". Il y a des guitares, du saxophone, du marimba, une percussion. La croisière s'amuse.
Et après, quand "You Will Be Shot" commence, on peut se demander "bordel ils ont mal gravé ça, il y a des passages accélérés sur le disque ça rend le truc inaudible !".
Mais... non.

Naked City, c'est le groupe de John Zorn. John Zorn c'est un saxophoniste. Qui dit saxophone, dit jazz. Donc Naked City fait du jazz. Logique, non ? Sauf que c'est pas du jazz normal. Il y a du groove et des thèmes jazzy et bluesy, complètement prenant. Et il y a aussi des passages hardcore grindcore death metal qui explose en plein milieu des morceaux, avec les hurlements de Mike Patton ou de Yamatsuka Eye. Après une petite dizaine de morceaux pour mettre dans l'ambiance et faire croire que c'est juste pour rire, une dizaine de titres d'une moyenne de douze secondes explosent dans la tronche. De l'ultra violence ! Des sons comme si Mme Courgeot sortait ses bébés du congélo et les réchauffait au micro-onde, une batterie comme un marteau piqueur. Du jazz catharsique qui fait plaisir comme du Minor Threat, mais en plus élitiste, dans les sphères aériennes de la musique, le John Zorn !

Certains diront que c'est que du bruit, ils ont raison.
Ca s'appelle Naked City, c'est leur premier album, éponyme, de 1989, et ça a pas pris une ride.

Pour avoir une petite idée, tu peux regarder la vidéo en-dessous, avec Yamastuka Eye.