jeudi 29 avril 2010

La maman et la putain.

Les choses commencent à se gâter. Sujet de sciences sociales, c'est-à-dire où il faut mêler sociologie et économie. Sujet facile en apparence :

"La famille : quel acteur économique ?"

La difficulté pour moi, ce sera de parler de musique. Mais ce que le sujet attends, c'est bien sûr un "la famille ne peut être considérée seulement comme un acteur économique". Une famille, c'est un ménage, elle consomme, elle produit, elle investit. Mais une famille, c'est bien plus que ça. Il y a des services attendus, des dons, des échanges qui se font en dehors d'un mécanisme économique. Les vieux donnent aux jeunes pour "acheter" de l'affection. Ceux qu'ont réussi aident les pauvres. Il y a un fort lien organique, qui finalement, exclue la famille de la logique de marché.
C'est assez paradoxal. Tout en évitant la logique de marché, la famille est la base de l'économie : ce sont les ménages qui consomment. Être acteur économique sans vouloir l'être, dans un sens. Et elle évite cette logique de marché par son caractère institutionnel. Tout y est codifié, du prix en chameaux d'une blonde aux yeux bleus au nombre de coups de latte qu'un gamin qui ment doit prendre. Le paradoxe entre économie et solidarité organique, entraide.

Ce qui m'amène de la façon la plus étonnante possible aux Sisters of Mercy. Les "Sœurs de la Miséricorde" sont des religieuses, dévouée au désintérêt. Prêtes au sacrifice. Elles sont aussi ces prostituées aimantes de Leonard Cohen, comme du côté de la logique économique. Un service rendu contre du pognon. Le paradoxe est le même : comment mêler désintérêt, solidarité avec logique économique ? Religion et sexualité ? Qu'y a-t-il derrière ce don de soi ? Ou derrière ce service ?
En quelques mots : qui sont vraiment ces sisters of mercy ?

La musique du groupe The Sisters of Mercy est entre mélancolie noire et mélodies entêtantes. Entre tube de l'été et esthétique gothique. Entre frivolité et profondeur religieuse. Mais la part institutionnelle, ce qu'on ne peut défaire, ce qui persistera coûte que coûte, prend vite le dessus : les mélodies restent entêtantes mais c'est la part d'ombre qui envahit l'espace. Le trouble le plus profond, la tristesse la plus pure. Pas étonnant qu'ils aient besoin de ces filles de joie pour se réconcilier avec l'existence.
Comme la famille, en fait, entre mécanique implacable (logique économique) et détours fraternels (le don).

C'est typiquement 80s, dans le son, dans l'utilisation abusive de reverb, dans le côté mécanique et froid et dans cette voix possédée quelque part entre Ian Curtis et Morrissey.
Ca s'appelle First and Last and Always de Sisters of Mercy, ça date de 1985 et c'est sorti sur le label du disque, Merciful Records.

NB : j'ai tout à fait conscience que cet article n'a aucun sens, et je m'en excuse. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas écouter ce disque fantastique.

4 commentaires:

  1. J'pensais pas voir un jour une référence à Jean Eustache dans ce blog... :)

    C'est fun sinon de faire des articles complètement incompréhensibles! Je vais écouter la chose.

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  2. C'est trop nouvelle vague pour moi comme film, mais le titre colle juste parfaitement au propos de l'article. Puis ça fait cinéphile.

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  3. plus emballé par le second "Flood" avant l'explosion en plein vol du 3ème horrible album de trop je suis

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  4. "Flood" est très bon aussi, oui. Et le dernier, "Vision Thing", j'irai pas jusqu'à horrible parce qu'il y a "Something Fast" et j'adore cette chanson. Mais disons qu'ils ont perdu la foi.

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