dimanche 9 mai 2010

Prayer to God.

Que doit-on à Steve Albini ? Ce gars a produit les plus grands albums de rock indépendant de tous les temps. Si on voulait faire une liste, on s'attarderait bien sûr la rage d'In Utero de Nirvana, la révolution Surfer Rosa des Pixies, la lourdeur de Times of Grace de Neurosis, la hargne du Pure des Jesus Lizard et même le Yanqui U.X.O de Godspeed You ! Black Emperor. On lui doit les plus belles heures de la musique alternative, du rock saturé, intransigeant et minimaliste. Mais là-dedans, on oublie Steve Albini musicien et chanteur, dans Big Black ou Shellac. Condensé d'intégrité musicale à l'instar d'un Fugazi. Post-punk dérangé et ravageur.

On pourrait aussi s'attarder sur les échecs du producteur Albini. Le dernier album des Stooges, Dionysos... Tout comme on pourrait prendre du temps pour parler des disques qu'il a produit et dont on ne parle pas assez. Mclusky, par exemple. Mclusky, c'est des gallois. Ils doivent donc aimer la pluie et le rugby. Et le punk bien sûr. On peut citer John Cage, Lemmy de Motorhead ou même Dieu Aphex Twin. Tous viennent de ce pays. Les trois gars de Mclusky ont donc des têtes d'anglais. Mais avec le look de Ian Mackaye. Le look de ces punks des années 90, sans crêtes, mais avec une paire de Doc cachée par des jeans troués. Des t-shirts sobres et rien de plus. Mclusky fait partie de cette famille. De ceux qui veulent remettre le punk du côté de la musique, et non du phénomène de mode. Une musique à la fois minimaliste et prenante comme les Pixies, mais avec une touche particulière, des dissonances fabuleuses. On sent le poids de Steve Albini dans le son, dans la façon de comprendre les choses, de les faire. Une intransigeance qui veut éviter toutes les digressions pour en arriver à l'essence même du punk. Comme les Jesus Lizards ont su le faire. Comme Frank Black réussit à le faire en concert. Comme le Breed de Nirvana. Adieu le compromis.

Et derrière ce condensé monobloc de béton armé, il y a une richesse dans la composition. Un amour de la transgression. Hélas, le groupe s'est séparé il y a quelques années, gardant un statut trop confidentiel, alors que sa place dans le panthéon du rock alternatif est toute trouvée. C'est rêche comme Big Black, puissant comme Chokebore, dissonant comme Pavement et intègre comme Fugazi. Alors merci, Steve Albini

C'est le dernier album de Mclusky, il s'appelle The Difference Between Me and You is that I'm not on Fire, il est sorti en 2004 chez Too Pure.

2 commentaires:

  1. Un album culte auquel je n'ai étrangement jamais vraiment adhéré. Il faudrait que je le réécoute mais à l'époque je trouvais que cela manquait justement de songwriting...

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  2. la suite est pas mal non plus à savoir Future Of The Left

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