Peter Pan.

Cher Conor,

Que tu arrêtes tes nombreuses digressions, tes nombreux échecs, que tu retournes à ton premier amour qu'est Bright Eyes, ce premier véritable amour, bien plus fort et vrai que celui du Commander Venus pour le punk, celui d'une vie en somme, c'est la plus belle des promesses que tu puisses nous faire. Plier l'affaire après un ultime album, une révérence et pfuit ! Parce qu'il faut se le dire, mon petit Conor, tes Monsters of Folk c'était un raté monumental, on se serait cru dans un bar fumeux avec quatre ratés qui faisaient des reprises. D'accord, d'accord, ton album solo était charmant, sauvé par quatre chansons qui rappelaient le bon vieux temps où ta voix d'adolescent dépressif adossée à trois accords donnait les yeux brillants.

Alors, reviens aux fondamentaux, et contente-toi de faire pleurer avec tes chansons trop niaises pour ne pas être sincères. Contente-toi du minimum, d'un piano ou d'une guitare pour nous raconter des histoires. Fais-nous du vrai Bright Eyes, rappelle-nous quand on avait quinze ans et qu'on envoyait tes mots aux filles pour leur plaire ou pour leur briser le cœur. Elles finissaient toujours amoureuses de toi, en plus. N'essaie pas d'inventer, reste sur ce que tu sais faire, réécris un "We Are Nowhere and It's Now" et un "Landlocked Blues". Continue de souffler les mots au lieu de les chanter, comme si tu retenais tes sanglots.

Mais par pitié, arrête pour de bon, après. J'ai plus l'âge d'avoir quinze ans et d'écouter, encore une fois, I'm Wide Awake, It's Morning. Malheureusement, tu n'as plus quinze ans non plus, et ta musique s'est échappée avec les années.

Bright Eyes, tu ne sais plus faire pleurer, soit parce qu'on est trop vieux pour ça maintenant, soit parce que tu n'y crois plus. Mais The People's Key, qui sortira chez toi, Saddle Creek, pour tes 31 ans, c'est une preuve de plus que tu ne veux pas vieillir. Ou pire, que tu ne sais pas vieillir.