Il fallait oser faire ça, aujourd'hui. Aller au plus profond du mauvais goût pour faire jaillir la coolitude la plus classe du monde. C'est de ça qu'il est question, de laisser s'envoler les réserves obligatoires, les doutes, et de faire confiance aux basses et aux synthétiseurs pour se faire emporter vers des contrées acidulées et bien trop dégoulinantes pour être digestes. A un tel point qu'on en aurait presque honte.
Hercules & Love Affair, c'est comme une soirée où on ne veut pas aller. Parce qu'on n'y aime personne, qu'on n'y connait personne, que les gens seront trop occupés à boire et flirter pour simplement vous remarquer. Mais, une fois qu'on a surpassé cette peur bien humaine, il s'agit de se fondre dans la masse et de se laisser aller. Non, il n'y a rien d'objectivement bon dans ce tourbillon d'échos et de clichés. Alors, dans cette soirée imaginaire, on se retrouve à danser, alors qu'on ne se trémousse jamais, histoire de garder une consistance. Et peu à peu, au fil des chansons qu'on dénigre d'un regard plein de hauteur, toujours en dansant, on se prend au jeu, on glisse dans l'oreille de sa voisine un "j'adore cette chanson !". C'est comme nos grands tubes des années 90. Les "What is Love" d'Haddaway ou les "Freed From Desire" de Gala. Ces chansons aussi colossales que mortes-nées. Et, de déhanchements en déhanchements, on se retrouve au petit matin, épuisé.
Et le sentiment est mitigé. Il y a ce sévère recul, qui remet en question toute la soirée, se disant qu'on a été d'un profond ridicule. Et de l'autre côté, cette euphorie matinale qui désagrège toute sorte de fatigue. Comme si on en voulait encore. Dans ce questionnement profond, on ne sait plus trop qui on est, comme ivre d'heures d'oubli de soi, où l'esprit dépossède le corps à grands coups de grooveries magnifiques, et ridicules.
Alors oui, il fallait l'oser, ce condensé de mauvais goût. Mais, au-delà de toute critique objective, il fait parfois bon de laisser ses épaules dodeliner au son du Blue Songs d'Hercules & Love Affair, qui est sorti très récemment chez Moshi Moshi. Diablement dansant, à un tel point qu'on aurait presque honte de se faire avoir.
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