"Si Dieu n'existe pas, alors tout est permis". David Tibet est comme Ivan Karamazov, il ne veut pas savoir si Dieu est ou n'est pas. Il n'est pas question d'un pari. Le rôle d'un Dieu est juste d'occuper les esprits pour former un cadre, des lignes à ne pas franchir. C'est un démiurge tout puissant, dont la grandeur et le pouvoir s'exprime par l'absence totale d'action. Le Dieu de David Tibet est aux abonnés absents, il est Dieu justement parce qu'il ne fait rien, il laisse à l'homme le pire des tourments : le choix.
Et dans l'espace tridimensionnel qu'est le monde, David Tibet travaille pour obtenir son auréole. Il cherche à atteindre la plus parfaite des connaissances, à toucher les sommets et à frôler l'être suprême. Ainsi, son âme tourmentée s'envolerait, libérée de la prison de la croyance. L'ésotérisme est le moteur de David Tibet, ce qui le pousse à renouveler les expériences, sans cesse. Il est à la recherche de cette note chimérique qui transcenderait l'homme et sa religion. Il est en quête de la synthèse entre la vie physique et le monde des idées. Sa musique doit réaliser cette fusion, relier enfin le paradis à la crasse des bas-fonds.
Ses chansons virevoltent entre ces deux infinis, elles visent l'élévation la plus noble, mais restent profondément enracinées au réel, glauque et malsain, où les enfants pleurent et le temps passe. David Tibet a la foi, la plus profonde et la plus pure des fois. Elle ne s'exprime ni par une croyance aveugle ni par un discours psychorigide. La foi de David Tibet est diffuse, elle est dans chaque mouvement de doigt qui caresse le piano, dans chaque son qui se forme au fond de sa gorge, dans chaque détour de sa voix. Cette foi en un inconnu, cette foi invulnérable qui tend à démontrer que l'art sauvera enfin les hommes, parce qu'il apportera l'expérience, la beauté, les sentiments à tous, surpasse finalement chaque démiurge imaginable.
David Tibet devient alors le Grand Inquisiteur, celui qui a compris comment remplacer Dieu, sans jamais remettre en compte son existence. Il suffit simplement de croire, mais mieux que les autres. En attendant, Current 93 sort son Honeysuckle Aeons en avril sur Coptic Cat ; plus que des incantations habitées, une véritable profession de foi.
Mais faut qu'ils arrêtent. Déjà que les deux précédents sont deux chef d’œuvre à mes yeux et qu'ils m'ont sacrément marqué, mais s'il remet ca...
RépondreSupprimerHate de l'écouter!