mercredi 6 avril 2011

Nothing for Sunday.

A peine le temps d'être une idole qu'il est devenu un mythe des années 90. Mais pas le mythe façon Kurt Cobain à s'envoyer une balle dans le palais pour la postérité. Le genre de mythe discret, qui ne paye pas de mine, qui prend son temps pour aller annoncer ses nouveaux albums sur des forums sur internet. Pete Erchik a écrit quelques unes des plus belles pages de la musique indépendante américaine, l'air de rien, derrière un vieux clavier et une paire de lunettes. Avec ses potes de toujours, Jeff Mangum, Bill Doss et Will Cullen Hart, des pauvres gars d'Athens, Georgia, ils ont formé Olivia Tremor Control, une des pierres fondatrices d'Elephant 6.

Et par la même occasion, ils ont dynamité la pop. Amour du psychédélisme, du bruit, des expérimentations en tout genre, et du surréalisme. Pete Erchik n'était que le pianiste, le joueur de clavier, mais il chantait, et on lui doit entre autre "I Have Been Floated", qui frôle le statut de "chanson de la décennie 90s" si Nirvana n'avait pas écrit "Drain You", par exemple. Sauf que, comme Elephant 6 ou Neutral Milk Hotel, le vaisseau Olivia Tremor Control a explosé en route, laissant ses membres vaquer à de nouvelles occupations. Doss ressort ses Sunshine Fix, Hart réinvente le groupe originel et lui donne le nom de Circulatory System. Et Pete Erchik, dans cette histoire, se retrouve seul, et prend un nom aussi absurde que sa façon de s'habiller : Pipes You See, Pipes You Don't.

Pipes You See, Pipes You Don't comme une infidélité à Olivia Tremor Control par sa sobriété. Pete Erchik se contente de coller beaucoup trop de reverb sur un clavier et une guitare, et de chanter de sa voix langoureuse. On y réentend les démos de Beulah et les meilleurs albums d'Elf Power, et bien sûr les intonations magiques de "I Have Been Floated". On aurait envie de dire "mais ce n'est que de l'indie habituel, rien de nouveau sous le soleil, c'est toujours la même chose". Mais on pourrait répondre en deux points. Déjà, l'absence de nouveauté s'efface bien vite par la qualité du songwriting. Ce qui mène au second point : "eh les mecs, faudrait pas oublier que l'indie canonique qu'on trouve soi-disant commun et ressassé aujourd'hui, on le doit en grande partie à Elephant 6 et donc un peu à Pete Erchik".

Alors ne crachons pas dans la soupe, écoutons ce nouvel album de Pipes You See, Pipes You Don't, intitulé en toute sobriété Lost In The Pancakes, sorti dans l'année chez Cloud Recordings. Impossible de trouver la pochette tellement c'est indie. A croire que le mythe s’érode. Ou que, finalement, c'est dans l'ombre que ces pauvres génies de Georgia sont le mieux, et créent les meilleures chansons.

1 commentaire:

  1. Salut Nathan,
    Je suis en train d'écouter l'album à une demi-heure du début officiel de l'inventaire de la BM ^^
    Effectivement, c'est du très très bon.
    Et tant pis pour ... la pochette !

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