lundi 17 octobre 2011

Comeback Thursday.


Il y a toujours un vilain doute derrière les reformations. Toujours l'ombre du mesquin plan financier, se remettre ensemble pour s'en coller plein les poches. Les Pixies, Leonard Cohen, et tous ces tristes exemples de retours ratés sur la scène et sur disque ont occulté des réussites tonitruantes. Swans l'an dernier, qui a déchaîné les Dieux sur album et live ensuite, par exemple. My Bloody Valentine qui, malgré l'âge, balance toujours les 130 décibels syndicaux.

Il faudrait donc connaître les raisons profondes des reformations. Refaire de la musique ensemble paraît la plus logique. Mais il faut croire qu'elle est rarement le moteur de ces tournées, ces retours après des années de silence. Parce que souvent, les artistes en question continuent d'arpenter les salles sous leurs noms. C'est ce qu'avait fait Troy Von Balthazar après la fin de Chokebore. Deux excellents albums, et un retour à Chokebore. Ce n'est rien de le dire, il est la pierre angulaire du groupe. C'est sa voix pleine de tourments et de vagues qui insuffle à Chokebore sa force émotionnelle.

Le paradoxe, c'est qu'on retrouvait ces constantes sur les travaux solos de Troy. Alors, pourquoi un retour à Chokebore ? Simplement parce que l'équilibre sur le fil, un pied dans le vide et l'autre solidement attaché, n'existe qu'avec un groupe. Se mettre en danger, aller chercher chez les autres les limites même de sa musique, la remettre en question. Et on retombe sur Swans. Sur scène, Michael Gira lance des regards noirs à ses musiciens, il les fusille, les presse, il extirpe d'eux toute leur énergie, toute leur force. Il fait tout pour les faire exploser. Et la violence des concerts, l'extrême force de Swans, vient de là. Elle vient du groupe. C'est ensemble qu'on va le plus loin.
La différence entre Troy Von Balthazar seul et avec Chokebore est là. Sa musique devient plus ardente et brûlante, et l'on pleure sur les illuminations habituelles qui parsèment les sombres accords des guitares. Après tout, qu'ils fassent ça pour l'argent ou pour la beauté du geste, qu'importe, tant que l'illumination demeure.

Avec un nouvel EP, Falls Best, chez Vicious Circle, Chokebore retrouve son équilibre précaire, et donc sa force première.

1 commentaire:

  1. Ce n'est pas tout à fait une reformation puisqu'il n'y a pas eu de séparation, juste une longue pause dont j'attendais la fin depuis un petit moment :)
    Vivement le 31 octobre !

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