Il y a des choses qu’on ne peut s'expliquer. Pourquoi ce bruit fascine-t-il autant, par exemple ?
Pourquoi un bruit de piano Smoby qui tourne en boucle sur un petit lecteur cassette comme celui sur lequel vous jouiez il y a quelques années est-il aussi addictif ? Il suffisait d’appuyer sur un bouton rouge en plastique où était gravé un petit triangle. Alors il suffisait de chanter, de murmurer, de danser, ou simplement d’aller crier « Maman ! Écoute mon magnétophone ! ».
Puis, sur ce bruit enfantin s’ajoute au fur et à mesure différents bruits, bien moins amusants, bien plus noirs. Des cris saturés d’une méchanceté insoupçonnée. Mais quand on découvre que ceux-ci viennent du micro de ce magnétophone Smoby, ce petit micro rouge, relié par un fil jaune à l’engin, un petit rictus se forme.
C’est incroyable ce qu’on peut faire avec des jouets. On peut récréer l’Apocalypse. Avec les quatre cavaliers, qui descendraient nos rues à toute vitesse. On ne peut voir leurs visages, trop sombres, comme des ombres. Comme un cauchemar d’enfant. Un sursaut comme réveil, les yeux pleins de larmes et les mains qui vérifient, en tâtant le matelas, que ce monde parallèle terrifiant où le monde court à sa fin, n’était qu’un vilain rêve. Il n’est plus question de jeu ici. Ce n’est plus le monde de l’enfance qui rejaillit de ce sombre délire, mais quelque chose de bien plus effrayant. On ne peut pas l’expliquer.
Mais la peur, elle aussi, fascine. Tout le monde aime se faire peur, par curiosité. On aime aller voir les zombies de Romero, sauter à l’élastique, jeter des araignées sur sa petite sœur, faire sursauter la voisine. On aime les sensations fortes, les surprises, en somme, les montées d’adrénaline, les frissons qui remontent la colonne vertébrale.
Voilà pourquoi.
Un rêve ou un cauchemar alors ? Un cauchemar éveillé et dansant, où tout se mêle dans un déluge abstrait ; l’enfance, l’adolescence, l’âge adulte, la peur, la joie, le bien-être et l’angoisse.
C’est comme une grande synthèse de ce que l’on recherche. Des sensations un peu trop fortes qui, avec le recul, font rire. « Jamais je n’oserai ! ». Puis « Ah ! Que c’était bien ! ». Le tout, c’est de franchir le pas et de s’immerger dans ce tourbillon et de ressentir ce sentiment d’apnée, de poids qui repose sur tout le corps, ce voyage abyssal dans le silence et l’obscurité.
Ce bruit reforme le silence, ce silence insupportable de 2001, Odyssée de l’Espace, lors de la chute interminable dans le cosmos.
Ce que propose les Fuck Buttons, au final, c’est simple comme un dessin d’enfant, comme une grosse farce de collégien, comme un souvenir triste d’une enfance disparue, c’est quelque part entre l’apnée et l’apesanteur, voilà tout.
Tu peux cliquer sur l'image pour l'écouter. Ouais.
Ouais, et ils passent le 23 octobre à Lille, mais avec Peaches et ses godes ceintures...
RépondreSupprimerRien à taper j'y vais. J'ai déjà supporter Peaches une fois, même pas peur.
RépondreSupprimerOuais j'y serais aussi, je suis resté un peu sur ma faim à Dour, le set était apocalyptique(ment) trop court.
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