lundi 18 janvier 2010

Du chaos naît la beauté.

Parlons un peu d'un genre qui m'est cher, le post rock. Si vous avez un peu suivi nos billets, vous avez dû remarquer que mon wingman du mindfuck n'est pas un grand amateur de post rock, ce qui n'est pas mon cas. En effet, ce genre plutôt considéré comme intello peut paraître "chiant", cette image est notamment dû à la 2e vague de post rock (début 00's) essayant de s'inspirer de Mogwai ou GYBE sans en posséder le talent et la maîtrise technique. En grand fan de post rock que je suis, ma mission sera de vous convertir...
Un article sur le genre ne suffirait pas, autant en faire un par artiste. Et oui, on est généreux chez B&M, on se fout pas de vos gueules.

Il est difficile (et futile) de donner une définition du post rock, mais afin de se comprendre j'entends par ici le genre de rock alternatif ayant apparu vers le milieu/fin des années 90, généralement à dominante instrumentale. Les influences passent de la musique classique période romantique au rock progressif, la krautrock, le jazz, le math rock et même la musique concrète. Les morceaux font rarement moins de 10 minutes avec une structure mélodique faite de marches harmoniques, montée d'adrénaline alternées à des explosions sonores, des passages plus paisibles, etc... C'est quelque part assez proche de la musique classique dans la manière de composer mais avec une instru rock.
Le genre regroupe beaucoup de groupes assez inégaux, méfiez-vous des contrefaçons, d'ailleurs on commence avec "la crème de la crème"!

Godspeed You! Black Emperor

Véritable monument du genre, GYBE sont des canadiens du label Constellation (allez faire un tour ici, le label regorge de pépites musicales). Écouter Godspeed demande une attention totale de l'auditeur: les morceaux durent généralement entre 10 et 30 min, ceux-ci divisés en mouvements (comme un symphonie). Envolées lyriques, déflagrations sonores et passages atmosphériques en perspective, le tout avec des arrangements parfaits et une maîtrise technique proprement hallucinante. Ce groupe est capable de transmettre des émotions intenses comme aucune autre formation n'y est parvenue auparavant.
(attention: spoilers)

F# A# OO (1997)

1er véritable album du groupe, il dépeint une ambiance tantôt désenchantée, paisible, psychédélique ou bien même épique. C'est l'album le plus expérimental et le moins symphonique. L'effort s'ouvre sur "The Dead Flag Blues", une voix rauque, des violons et guitares plaintives installent un climat assez angoissant. Le morceau aboutit finalement vers le calme et la félicité après un passage tourmenté. Le 2e morceau "East Hastings" où la tristesse se transforme progressivement en colère par une subtile montée comme seul GYBE a le secret. L'album se clôt sur "Providence", avec plusieurs montées torturées mais entraînante entrecoupée de samples de l'au delà. L'album s'achève sur une véritable déflagration de guitares (la ghost track à la fin de Providence).

Slow Riot for New Zero Kanada ( EP, 1999)

Seulement deux titres pour 28 minutes peut paraître indigent mais il n'en est rien, "Moya" est une véritable pépite de lyrisme à fleur de peau, on pleure sans retenu sur cette montée progressive de 10 min qui aboutit en une explosion mélodique dantesque, puis tout se désagrège pour s'enchaîner sur "Blaise Balley Finnegan III" avec une lente progression couplée à des samples de voix (un discours social, GYBE est connu pour son engagement alter-mondialiste et anti-capitaliste tout comme le label Constellation), celle-ci aboutissant sur une double explosion cataclysmique propre à GYBE.

Lift Your Skinny Fist Like Antennas to Heaven ! (2000)

"LYSFLATH" je vous le dit tout de suite, c'est pour moi l'un des meilleurs albums de tout les temps, un chef d'œuvre sublime et intemporel. C'est un double album de 2 tracks chacune, sorte de diptyque symphonique. "Storm" ouvre les réjouissances avec une montée triomphale digne d'un final grandiloquent aboutissant progressivement vers une mélodie de plus en plus saturée. Ensuite, "Static" commence sur un passage assez expérimental, mélange de samples de voix, de bruit d'outre tombe: l'auditeur se trouve en milieu hostile, le bruit laisse place aux sanglots des violons et des pizzicatis; le chaos s'installe peu à peu pour enfin exploser.

La 2e galette est introduite par "Sleep": GYBE parvient à transmettre cette nostalgie jusqu'à la douleur voir même la rage. Le tout s'éclaircit peu à peu, le chaos devient beauté et libération. "Antennas to Heaven" est plus linéaire mis à part une belle explosion d'énergie assez courte après un passage onirique avec notamment des voix d'enfants (parlant québécois d'ailleurs); le final se situe dans l'au-delà, l'auditeur est essoufflé, sonné par ces émotions successives.
C'est le genre d'album que l'on redécouvre à chaque écoute, la richesse et la justesse de la composition se rapprochant de la perfection.

Yanqui U.X.O (2002)

Dernier album du groupe avant qu'il splitte en 2003, c'est aussi le plus torturé et revendicatif: le titre pourrait être traduit par "mines anti-personnels yankee". Un climat assez glauque, désenchanté voir même post-apocalyptique s'installe ("09/15/00 part 2") jusqu'au bombardement présent sur la pochette retranscrit de manière saisissante musicalement avec "Rockets Fall on Rocket Fall". Les deux derniers morceaux ("Motherfucker=Redeemer part1&2") m'évoque un mal être profond qui évolue vers de la rage, on peut relier cette violence (si l'on considère Yanqui U.X.O comme un sorte de concept album) aux conséquences du bombardement.


La 1ère approche de GYBE peut dérouter, mais c'est le genre de groupe qui s'apprécie au fil des écoutes. Vous verrez, vous ne pourrez plus vous en passer.

3 commentaires:

  1. J'ai changé le lien sur Lift Your Skinny Fists. Sur l'archive, Static était étonnamment raccourcie.

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  2. Bien vu mec. Tu t'es dit: "merde, la track ne dure que 15 min, ya un blème quelques part". Hahaha.

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  3. Pire ! 6 minutes avec un arrêt net quand l'intro commençait.
    Bon et "Sleep" elle est grandiose.

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