dimanche 31 janvier 2010

Mort à Venise. 3/10.

Il y a toujours beaucoup d'ambition chez Mahler. Revivre, exprimer toute sorte de chose inexprimable. Comme si la musique, sa musique était faite pour dire l'indicible, l'ineffable.
Cette troisième œuvre s'attaque à un vaste programme : la Création.
Pas étonnant qu'il faille près d'une heure et quarante minutes au compositeur pour tout évoquer, en six mouvements.

Le premier est un réel déchaînement, un séisme de cuivres et d'envolées majestueuses et nobles. De grands coups de cymbales accompagnent les montées violentes des trompettes avant de laisser la place à tout l'orchestre dans une énorme explosion. La matière se forme alors, sous les fracas des timbales. Puis, le silence. Et, lentement, tout se construit là-dessus, au son d'un violon et de cors. Trente cinq minutes de thèmes qui s'enchevêtrent, de la fanfare à la mélancolie pure, pour exprimer la naissance de la Terre.
La végétation apparaît ensuite, joueuse et rapide, aux senteurs exotiques et agréables, légère et verte, ondulée et gracieuse. C'est comme un grand marché plein d'épices et de couleurs, avec beaucoup du monde, à zigzaguer sans cesse entre les étales et les gens.
Au tour des animaux de se poser sur ce tableau, à la fois souples et maladroits, avant de s'éloigner tout doucement.
Les hommes et leur sombre complexité naissent alors, avec une voix profonde et solennelle qui couvre l'orchestre grâce au texte d'Ainsi Parlait Zarathoustra de Friedrich Nietzsche. Il y a un étrange mélange entre cette angoisse chère à Mahler et une certaine noblesse, une grandeur qui donne à ce mouvement une teinte particulière, cette lumière somptueuse et toute en retenu... Le chœur d'enfants entre ensuite, avec toute sa puissance et son entrain... enfantin. On entre alors dans la partie la plus chantée de la symphonie. La naïveté de l'enfant, bien loin de la nostalgie du mouvement précédent, illumine l'œuvre en quelques minutes, avant que le ciel ne se couvre à nouveau de noirs nuages...
Le dernier mouvement, comme sur les précédentes symphonies, ressemble au premier. Il est long et complexe. Il représente l'amour. Langueur et romantisme s'étendent tout au long de ces vingt minutes. C'est lent et sensuel, puissant et violent, l'envolée finale digne d'une ouverture de Wagner clôture l'œuvre de Dieu, la Création est terminée.
Le septième jour, il est temps de se reposer.

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