La quatrième symphonie, c'est le début des choses sérieuses.
A l'aube du nouveau siècle, quelques années avant le chef-d'oeuvre ultime de l'humanité (avec les lives de Dylan en 66), sa cinquième, la quatrième ouvre le bal.
Comparé aux trois précédentes, elle est facile d'accès, allante et enjouée. Le premier mouvement pourrait très bien être la musique des scènes de fête qui ouvrent ou clôturent les films de Fellini, une grande danse qui tournoie, accélère et ralentit, valse et s'élance, sans fin ! On imagine parfaitement les couples enlacés virevolter à toute vitesse sans jamais s'arrêter sur cet air, sur la grande place de Rimini. Villageoises aux regards fiers et aux poitrines saillantes, petits hommes lubriques et renfrognés à leurs côtés.
La suite pourrait nous faire croire que cette ambiance va disparaître, avec quelques illusions tragiques, mais que nenni. Le violon est désaccordé (et c'est fait exprès, Mahler précurseur de Sonic Youth) pour donner un petit côté rustique pas dégueu à ces dix minutes. Jamais la joie ne s'estompe dans cette première demi-heure, tout est léger. Comme si le compositeur était (pour une fois) heureux.
Il faut attendre le troisième mouvement pour que l'entrain retombe. Comme la toute fin d'une soirée, où tout le monde s'assoit, se repose avec le regard vide d'avoir trop dansé. L'état extrême de fatigue permet de voyager par l'esprit, vers des contrées lointaines, et déjà Venise. Le Venise de Visconti, ce mouvement préfigure déjà fortement la perfection du quatrième mouvement de la cinquième symphonie. Ce n'est ni triste ni allègre, c'est quelque part entre les deux, comme une douce mélancolie.
L'air de rien, le quatrième mouvement prend le pas sur le précédent, avec une voix de femme, soprano qui chante en allemand cela :
Nulle musique sur terre
n'est comparable à la notre.
Onze mille vierges
entrent dans la danse!
Sainte Ursule en rit elle-même!
Nulle musique sur terre
n'est comparable à la notre.
Cécile et les siens
sont de parfaits musiciens!
Ces voix angéliques
réchauffent les cœurs!
Et tout s'éveille à la joie.
Et ça résume tout.
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