mercredi 10 février 2010

All Hail West Texas

Qui es-tu John Darnielle ? Qui se cache derrière cette paire de lunette et cet humour caustique plein de mélancolie, cette voix si attachante bien qu'elle ne soit pas belle ? Qui se cache derrière ces textes si brillants ?
John Darnielle se cache derrière plusieurs pseudos, celui de The Mountain Goats par exemple, comme une créature imaginaire, comme le dahu du folk, un éternel adolescent encore enfermé dans sa chambre au papier peint enfantin.

The Hound Chronicles (1992)

Il a commencé de la manière la plus Do It Yourself qu'on puisse imaginer : la cassette audio (numérisée ici, rien ne nous arrête !). Qui dit cassette dit son très aléatoire, souffle et parasites. Oui, et alors ? Comme Daniel Johnston, John Darnielle offre de l'émotion brute avec la qualité la plus sommaire. Une guitare folk et une voix. Dylan l'avait fait avant, Johnston aussi, mais voilà la relève qui, dans son style si particulier, presque avec dédain dans la façon d'énoncer ses comptines, parfois proche du langage parlé, des fois dans les cris qui viennent du plus profond de l'âme.
Le début d'une pléthore de disques. Dix-sept entre 1992 et aujourd'hui, sans compter toutes les collaborations. Le Jean-Louis Murat réussi de l'Amérique !

All Hail West Texas (2002)

Il est écrit sur la pochette : "Quatorze chansons sur sept personnes, deux maisons, une moto et une installation de traitement verrouillé pour les garçons adolescents". Dans la plus pure lignée folk, Darnielle raconte des histoires. Celle de Jeff et Cyrus qui veulent faire le meilleur groupe de Death Metal de Denton (prétexte pour crier "Hail Satan !" sur du folk), celle d'une fille qui voyage et qu'on invite à boire un coup, histoire de colorer ses joues, qu'importe l'heure. Le souffle est toujours présent, c'est toujours aussi minimaliste, mais la recette marche toujours, voire encore mieux. La BO d'un "feel-good movie" imaginaire, sans Ellen Page mais tout aussi charmant. Peut-être ce que John Darnielle a fait de mieux, le sommet de sa discographie.

The Sunset Tree (2005)

Entre les deux albums sortis en 2005, The Sunset Tree représente bien la fin du lo-fi. Il n'y a plus ce souffle, il y a maintenant des arrangements au piano. Mais tout cela au service du minimalisme. C'est donc quelque chose de plus conventionnel, mais toujours aussi brillant. "Broom People" s'envole à la fin par son émotion brute digne du défunt Vic Chesnutt, et "Dilauded" pourrait très bien être une chanson d'Eminem. Oui, les intonations ressemblent, pas de guitare, juste un mouvement de violons. Et la suite ? "Dance Music" est un tube, dansant, entraînant comme du hip hop. Le flow de John Darnielle est pas dégueu, eh !

Heretic Pride sortira en 2008 et ira aussi dans ce sens.


Moon Colony Bloodbath (feat. John Vanderslice) (2009)

Pas étonnant de retrouver Darnielle avec John Vanderslice, autre agité du bocal de la création, qui sort des disques sans arrêt. L'avantage de ce disque assez court (sept morceaux et vingt minutes), c'est de voir les deux voix se mêler. Vanderslice a une voix assez classique, Darnielle non. Darnielle ne sait pas trop arranger ses morceaux, sortir des sentiers folk, Vanderslice sait le faire. Le résultat est probant : un disque fait entre amis avec de belles chansons. On entend très vite qui a composé quoi. Et comme ça, on voit ce que l'autre a apporté au travail du premier, et c'est plutôt réussi.


The Life of the World to Come (2009)

J'ai été assez étonné de voir les éloges qu'a reçu ce disque. Non qu'il ne le mérite pas, mais ce n'est pas non plus un tournant dans la carrière de Darnielle. Juste la suite logique, tout en délicatesse et en sensibilité. La particularité de ce disque, c'est qu'il est inspiré par... des versets de la Bible (qui sont cités dans les titres, si si). Darnielle s'éloigne encore un peu plus du folk de ses débuts, s'électrifie, se country-ise aussi. Le souffle des premiers albums est bien loin, mais la spontanéité et la sincérité est encore là, et c'est ça qui compte, non ?

4 commentaires:

  1. Ah l'ami John Darnielle. The Mountain Goats est effectivement un groupe exceptionnellement riche et très très fourni. Je ne connais d'ailleurs même pas tous les albums dont tu parles :)

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  2. Et le problème c'est que sur les dix sept albums, chacun a un préféré différent et dit "Et pourquoi tu parles pas de celui-là ?" ahah.

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  3. All Hail West Texas is missing songs and the names are all wrong :\ ,just thought I'd add that to anyone reading

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