Il ne faut pas négliger ses classiques.
Que ce soit Flaubert ou Renoir, ou Bob Dylan. Surtout quand c'est un objet enregistré en une nuit, avec deux bouteilles de pinard, deux harmonicas, une guitare et trois micros.
Dylan connaissait à peine ses chansons. Il se plante dans les accords, éclate de rire au milieu des chansons, et touche le sommet de son art : raconter des histoires.
Il a 22 ans et sa voix est plus insupportable que celle de Joanna Newsom. Il en a un peu marre d'être le porte-parole désigné d'une génération paumée, alors il se fout de la gueule du monde entier. Il se paye la tronche du National Emergency Civil Liberties, il prépare son passage à l'électricité et il s'amuse sur scène, lançant vannes sur vannes (le live de 1964 sorti sur les Bootleg Series est, en plus d'être un concert ahurissant, un one-man show de grande qualité).
C'est donc mal enregistré, plutôt mal joué et mal chanté. Mais on a un peu l'habitude. Ce qui compte, c'est autre chose, c'est la sincérité de l'instant. La façon dont il articule chaque mot est unique. Il immortalise un moment. Et, par la même occasion, une de ses plus belles chansons. "Ballad in a Plain D" et ses huit minutes dix sept de poésie. Il défie Cassius Clay ("your Ma won't even recognize you !"), il parle de liberté, de moto, de jeunesse et d'amour.
Derrière Another Side of Bob Dylan apparaît Blonde on Blonde en filigrane, sauf que ce dernier sera mieux enregistré, plus construit, arrangé, moins sommaire, plus sérieux.
Même les Ramones s'inspireront de ce disque en tentant de reprendre "My Back Pages" et en s'éclatant les dents dessus. Comme quoi, faire du sommaire et sincère, c'est pas une mince affaire.
Et, je citerai Dylan lui-même pour conclure et éviter de terminer sur cette rime vaseuse au possible, qui avec ironie, s'écrit :
Yippee! I'm a poet, and I know it.
Hope I don't blow it !
Parfois j'ai juste l'impression de ne pas être assez bon en anglais :(
RépondreSupprimerTu veux dire qu'il faut comprendre ce qu'il raconte pour aimer ?
RépondreSupprimerMon culte Dylanien date de bien avant que je comprenne ce qu'il chante. Mais je comprend parfaitement qu'il est possible de ne pas aimer Bob Dylan, même si c'est une faute de goût importante.