samedi 29 mai 2010

Johnny Guitar.

Bordel. Dennis Hopper est mort. Et ça la fout sacrément mal. Non mais Dennis Hopper quoi. Un gars qui a débuté chez Nicholas Ray, joué avec James Dean. Le mec qui tient le Blue Velvet de Lynch sur ses épaules, l'icône d'une génération prête à passer son temps sur une moto sur des routes trop ensoleillées. Le Jack Kerouac version virile. Avec le regard fou à la Orson Welles et une classe à la John Wayne. Grand photographe par la même occasion, grand réalisateur, grand acteur. Artiste à part entière, mythe complet.

Comment oublier le cinglé d'Apocalypse Now ? Il racontait que Martin Sheen ne savait pas que les corps pendants dans le sanctuaire de Brando étaient des vrais en souriant. Impossible d'imaginer l'influence que ce gars-là a eu. Déjà avec Easy Rider, film de la génération "born to be wild". Liberté est le mot d'ordre, brûler ses pneus sur le macadam un credo. Un sentiment profondément ancré que rien ne pouvait les arrêter sur leur chemin. Un chemin psychologique aussi. Les drogues, l'alcool, l'exploration sans limites. Voilà ce que Dennis Hopper a apporté : la négation de l'idée même de limite. Il vise l'horizon, point final. Et jamais on ne l'atteint l'horizon.
Il y a l'horreur du Vietnam, avec sa chaleur oppressante et la folie qui règne. Il y a l'ambiance d'une banlieue américaine plus malsaine qu'elle n'en a l'air. Il y a les affrontements entre bande. C'est fou à dire, mais trente sept ans après Easy Rider, vingt sept après Apocalypse Now, The Black Angels (qui empruntent ce nom au Velvet Underground) rendent le plus bel hommage à Dennis Hopper. Rock lourd et psychédélique, empreint d'une folie sortie du Vietnam, de l'horreur de la guerre, mais inarrêtable comme un chopper sur une route américaine. Alex Maas exhume Jim Morrison de sa tombe. The Black Angels redonnent naissance aux années 70, simplement, avec leur lot de trip et de trop.

C'était en 2006, The Black Angels déroule avec son Passover, sur Light in the Attic. Et c'est un beau coup de chapeau au grand Dennis. Mais un chapeau de cow-boy, un vrai.


3 commentaires:

  1. Le "chopper sur une route américaine" est arrêtable : http://www.youtube.com/watch?v=LMc-T6z0YyM.

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  2. Dahu Clipperton1 juin 2010 à 12:15

    Des Black Angels, même si j'aime beaucoup ce premier album, je crois que je préfère encore leur deuxième "Directions to see a ghost". C'est marrant que tu évoques l'américain Morrison, parce que le chanteur a parfois des inflexions très anglaises, je trouve (par exemple, je ne me souviens plus le titre du morceau où il dit "She got you, don't she ?", prononcé "chigatshoo dontchi", et je ne peux m'empêcher de penser à Shaun Ryder des Happy Mondays...) (mais c'est peut-être la faute à mes tympans distordants^^)

    Pour Dennis Hopper, c'est un peu comme pour Alex Chilton (en pire) : vu la vie d'excès qu'il a mené, j'aurais du mal à être surpris, même si c'est pas n'importe qui qu'on vient de perdre...
    Je passe sur "Easy rider" (rien à faire, je le trouvé trop "collé" à son époque (un peu comme "Orange mécanique" en fait), même s'il est très important historiquement : il a ouvert une sacrée brèche dans laquelle se sont engouffrés les cinéastes plus "libres" des 70s, Monte Hellman au hasard). Par contre, il faut absolument que je mette la main sur "Colors".
    C'est quoi ses autres films ? Je crois qu'un certain "Out of the blue" est de lui (celui samplé par Primal Scream sur "Kill all hippies"), je ne connais pas le titre français. Et il y en a 1 ou 2 autres, il me semble. Si tu peux éclairer ma lanterne...
    ;)

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  3. Pour les Black Angels, je préfère largement le premier. L'autre fait redite.

    Après, sur Hopper, j'avoue connaître bien mieux Hopper acteur que réalisateur. Je viens de m'apercevoir d'ailleurs, qu'à part Easy Rider, j'ai rien vu de lui réalisateur. Je suis d'accord sinon, le film a vieillit mais reste culte et historique. Mais sacrément cool quand même.

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