samedi 29 mai 2010

Sweet Sixteen.

Le passage par la case hip-hop est obligatoire dans l'éducation sentimentale et musicale d'un individu. Parce que cette musique est ancrée dans son contexte, qu'elle porte un message. Et qu'un adolescent lambda se retrouvera sans arrêt dans ces messages. Prêt à s'opposer sans raison, le but c'est d'avoir raison. Pas autre chose. On adopte alors des causes tellement déconnectées de nos réalités, parce que ces messages sont sincères. Le pouvoir premier du hip hop est d'être convaincant, en plus d'avoir cette légitimité de musique engagée américaine. Écouter du rap quand on a 12 ans, savoir parler de 2pac et de NTM, c'est être au top de la révolte.

Il serait très intéressant de savoir où Mike Skinner a découvert le hip hop. De connaître où il a eu envie de s'y mettre, d'assembler ses boucles minimalistes et de déblatérer avec son accent d'anglais à couper au couteau. Piano, cordes, beats cisaillés pour imposer un rythme, et les textes de Skinner qui se posent dessus. Un flow reconnaissable entre tous, une emprunte profonde de son Angleterre. Sa terre qu'il décrit sans détours. Une jeunesse d'ennui, une jeunesse middle-class, où les gars se rasent le crane et traînent dans les rues. Pas de misérabilisme chez The Streets. Au contraire, il décrit, tranquillement, ce qu'il a vécu et ce qu'il a vu. Des bons souvenirs, des souvenirs simples. Les refrains r'n'b peuvent insupporter, mais ils se mêlent parfaitement à l'ambiance mélancolique des titres.
The Streets ouvre une nouvelle porte dans le hip hop. Fini la haine et l'engagement, bonjour le constat, les réminiscences. Mike Skinner comme le Ken Loach du hip hop. Anglais parfois rieur, toujours sincère.

Le passage par la case hip hop se termine forcément. Souvent, c'est la violence qui prend le pas. On en arrive bêtement à renier ce qu'on a aimé. Un tropisme ridicule, certes, mais habituel. Et les années passent, la révolte s'affaiblit. On redécouvre des vieux disques. Eminem, IAM et les autres. On se dit que finalement, cette musique mérite mieux qu'une place dans l'oubli. On dépoussière les anciennes révoltes qui semblent ridicules. On fait le constat que Mike Skinner. Tout prend sens. C'était pas si mal, finalement.

En 2002, The Streets balance son flow sur Original Pirate Material, sur Locked On. Un album de hip hop plus que majeur, un souvenir plus qu'inoubliable.

1 commentaire:

  1. Bon on en déjà parlé chez KMS et oui cet album est aussi bien que les suivants seront mauvais :)

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