dimanche 6 juin 2010

Papa est en voyage d'affaires.

Il ne faut jamais sous-estimer le poids des années. Faut dire que le bon Joe Lally a 47 ans maintenant. Il en avait 44 à l'époque. C'est assez drôle d'ailleurs, d'imaginer les gars au front de l'engagement, les gars qui veulent le progrès, les premiers à exprimer une révolte, à se raser le crâne et à lancer le Straight Edge et le Do It Yourself comme des papas poules maintenant. J'imagine très bien Ian Mackaye et Joe Lally dans un rocking chair devant une cabane de Washington D.C, un marmot dans les bras et un sourire compatissant pour une épouse aimante et dévouée. Alors qu'avant, les zigotos hurlaient "you are not what you owe" en crachant leurs tripes.

C'est peut-être l'amour qui a changé Mackaye et Lally. Ian Mackaye lui, avait enregistré avec sa femme un disque sous le nom de The Evens. Un folk tranquille et rythmé, qui serait un parfait fond sonore pour la scène décrite plus haut. Joe Lally, lui, il a invité tout ses potes pour enregistrer un disque. Autrement dit, c'est un disque de Joe Lally joué par Fugazi. Et adieu le post-hardcore haineux. Joe Lally, bassiste légendaire, balance la cadence et chantonne au-dessus. Jamais le terme "album de la maturité" n'a eu plus de sens. Ça y est, ils se sont calmés chez Dischord. Ils sont passés du straight edge au bon verre de vin soi-disant pour la santé. C'est le poids de l'âge. Mais le talent ne s'érode pas. Même si le registre est tout à fait différent, Lally montre qu'il n'était pas seulement un bassiste, le métronome qui se contente de poser les fondations d'un morceau. Il démontre qu'il sait composer, écrire, chanter, et surtout, qu'il assure toujours à la basse. Sans encombre, son groove découle sur des percussions jazzy bien sentie. C'est l'album d'un mec entre deux âges. Il a toujours le crâne rasé, mais il chante pour ses mouflets.

C'était en 2007, Joe Lally ralentissait la cadence sur Nothing is Underrated, chez Dischord, bien entendu. D'ailleurs, il a des enfants Joe ?

3 commentaires:

  1. Encore un disque génial comme tout ce qui est issu de la sphère Ian MacKaye. En revanche je ne pense pas que l'amour les ait changé pour la simple et bonne raison qu'ils n'ont pas vraiment changé. Dans Minor Threat, dans Embrace, dans le lancement (un peu contre leur volonté) du Straight Edge, il y avait déjà cette place pour l'amour et une certaine foi dans la vie. Ils l'expriment juste différemment.

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  2. Oui, j'ai hésité à le mettre d'ailleurs. Mais c'est une question d'âge finalement.

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  3. J'y ai préféré son premier album au père Lally mais de mémoire y a des trucs cool dans celui ci.
    En tout cas ça fait plaiz' de lire une chronique sur Joe.

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