Gonjasufi - Nouveau Casino, lundi 12 juillet 2010
En essayant d'expliquer à la personne qui m'accompagnait ce qu'était la musique de Gonjasufi, je cherchais mes mots. "En fait, c'est une sorte de hippie qui a vécu dans le désert. Un gars qui fait du rap, mais qui chante aussi, et le tout sur des instrus electronica... Enfin, c'est compliqué à décrire. C'est de la musique bizarre" est l'explication la plus claire que j'ai dû donner. Autant dire qu'il était difficile de savoir à quoi s'attendre.
Après un warm-up de qualité (assez rare pour être précisé), un certain Paul White qui ne sait pas du tout faire de transitions entre ses pistes dansantes, le premier barbu débarque et nous gratifie d'un magnifique "Bande de chanceux, vous allez vivre quelque chose de rare, ce mec là, pas grand monde l'a vu sur scène" en anglais et parsemé de "shit" et "fuckin". C'est un peu le problème de Gonjasufi. On nous vend un génie inventif qui propose une révolution musicale, au front de la découverte, alors que finalement, ce n'est qu'un MC. Adieu la "musique bizarre", Gonjasufi fait du hip hop, simplement, sur les instrus ravageuses de son comparse barbu qui crie au monde le talent soi-disant extraordinaire du maître Sufi. Rien d'autre qu'un MC donc, qui tente parfois de chanter face à un public déjà en transe et acquis à sa cause.
Il n'est donc pas question de révolution, mais d'efficacité hip hop teintée de beats électroniques. Et étonnamment, toute cette efficacité tient sur le DJ. Gonjasufi, lui, assure tranquillement avec la posture de gourou hippie à la Charles Manson (y a qu'à voir les t-shirts avec sa tête dessus, qui font précisément penser au patron de la Family). Derrière, c'est bollywood sous acide. Il danse sans arrêt, lance des basses terrifiantes qui font trembler les murs du Nouveau Casino et vibrer les cerveaux. Toute l'énergie vient de là. C'est ce qui est un peu dérangeant, en fait. Parce que Gonjasufi ne serait qu'un prétexte pour un DJ de s'éclater. Il n'a rien de fantastique ce mec, à part sa dimension charismatique et son histoire. Je n'ai pu enlever de mon esprit l'image des Sex Pistols propulsés non pas parce qu'ils voulaient faire de la musique, mais parce qu'ils avaient la tronche de l'emploi pour "changer le monde".
Gonjasufi en tant que MC, succès assuré, mais dès que le tempo ralentit, qu'il y a des réelles chansons, tout se tasse, voire se ramollit. On a plutôt envie d'aller s'asseoir dans les canapés du fond. Ça sonne comme une fin de soirée... Heureusement que le tempo repartira de plus belle après cette demi-heure mollassonne, de manière à finir en beauté et en sueur.
Finalement, la force de Gonjasufi, c'est son DJ, qui réussit par son énergie débordante et ses danses improbables à offrir au génie revendiqué un cadre de qualité pour qu'il y pose sa voix. Et ça, c'est bizarre.
J'ai vu les photos, le mec a l'air de se la donner quand même. Après je trouve ça super décevant qu'il n'y ait pas un vrai groupe pour mettre en valeur les compositions et leur donner une nouvelle dimension (le style s'y prête bien).
RépondreSupprimerSinon c'était bien sympa de te rencontrer IRL hier :) En te souhaitant un bon retour :)
J'aurai bien assisté à ce concert... merci pour le compte-rendu, qui me fait regretter un peu plus !
RépondreSupprimerQuant à la première partie, Paul White, il a sorti un album le mois dernier, chroniqué (par mes soins) ici : http://www.chroniqueselectroniques.net/article-paul-white-paul-white-and-the-purple-brain-53079592.html
Oui j'avais lu ça après coup, en cherchant qui était ce monsieur. J'essaierai de trouver l'album, parce qu'en live c'était cool mais pas cohérent du tout, genre transition automatique sur Virtual DJ...
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