jeudi 1 juillet 2010

When You're Strange.

Le stress est une chose étrange. C'est une tension, une angoisse superficielle qui peut soit repousser les limites, pousser à se dépasser, à être plus que prêt. Mais il peut être d'une violence telle qu'il enlève toute lucidité, qu'il empêche de s'exprimer clairement. Que les membres tremblent sans que l'on puisse y faire quelque chose. On peut sentir le stress monter en soi. Il prend plusieurs formes, il noue l'estomac, fait palpiter le cœur, rend irritable, agite fébrilement les mains, et tant d'autres symptômes. Le pire, dans cette histoire, c'est qu'il n'est pas contrôlable, qu'il est totalement physique. La tête peut être paisible, sûre d'elle, le corps exprime la tension.

Jouer son avenir sur une heure, en voilà une bonne raison de stresser. Alors pour exorciser cette angoisse qui monte qui monte, petit à petit, il faut reconsidérer la situation. Prendre un recul et écouter des choses violentes, où les gars jouent non pas leur avenir à chaque parole prononcée, mais où ils jouent leurs vies. La musique des Jesus Lizard a cette tension, le regard terrifié et vide d'un gars stressé. David Yow, adepte des hurlements presque sludge et du concert nu comme un ver a cela dans les yeux, et chacune de ses incantations sort de son estomac noué, avec toute la haine et l'angoisse accumulée avec les années. On pourrait poser The Jesus Lizard comme les ancêtres de Liars, avec le même amour du riff déstructuré et de l'émanation de rage. Mais la tension chez les Jesus Lizard est un cran au-dessus. Ces mecs-là font de la musique comme si leur vie en dépendait. Un don total. Alors demain, quand je serai terrifié devant les jurys, je penserai à David Yow nu. Ca me fera rire, parce que d'une certaine façon, un oral c'est être à poil devant des inconnus à essayer de montrer à quelle point on en a. Mais surtout, la voix torturée de Yow me fera tout relativiser. Finalement, ce n'est que mon avenir qui est en jeu.

The Jesus Lizard sort Goat en 1991 sur Touch & Go, avec la collaboration de Steve Albini, mais comme faut être "absolument moderne", c'est la réédition parue chez Matador, et ça déstresse terriblement.

2 commentaires:

  1. Autant sur album je trouvais ça pas terrible autant après les avoir vus en concert j'me dis qu'en fait ça envoie.

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  2. toute la dimension de ce groupe est un concert
    bête de scéne
    il y a toujours un truc qui m'a étonné dans ce groupe c'est le côté rock and roll de la guitare, ces riffs sortis des années 50 avec cette tension de la voix et de la basse et ces ruptures de rythme très noise rock

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