jeudi 5 août 2010

Walk the Line.

En direct live de Lituanie. Dans un café qui passe du 16 Horsepower. On attendra avant de parler du Arcade Fire, qu'il faut apprivoiser, ou plutôt dompter, même si les Walkmen ont déjà donner un élément de réponse à la question "alors il vaut quoi ce nouveau disque d'Arcade Fire ?". Trop long, trop épique, trop prétentieux. Mais c'est un avis arrêté, qui ne concerne qu'un instant précis.

De toute façon, tout est une histoire de contexte bien précis. Tout dépend du hasard, c’est à la seconde que tout se joue, et chaque détail infime et insignifiant peut prendre les contours de la beauté. La nuit qui tombe pendant le refrain de « Scythian Empire », une envolée sonique de Venetian Snares pendant que le vent remue des arbres, d’énormes flocons de neige qui tombent au ralenti sur « Journey to Reedham », ou les lumières qui défilent par la fenêtre du métro alors que la musique imperturbable de The Walkmen martèle les oreilles. Une histoire de détails.

Avant de plonger dans Lisbon, il fallait créer l’ambiance. Éteindre les lumières, enfiler le casque, s’allonger sur le dos, les yeux rivés vers le plafond, et attendre quelques minutes, laisser l’attente devenir excitation. Enfin, lancer la musique.

Et la réponse du groupe est simple : il faut prendre son temps, et ne pas brûler les étapes. Il faut laisser mûrir chaque note en soi. Chaque mélodie s’étend, se déploie ad libitum pour peindre des ambiances. Il n’est plus question de chercher la nouveauté, les variations au sein d’une même chanson, mais de s’en tenir à la plus simple expression de la musique. Le motif prend de l’ampleur petit à petit, et noie dans le son. Les guitares brouillent les rythmes et s’estompent sous le poids de la reverb, il n’y a que la batterie pour assurer le tempo, le reste n’est qu’un vent sifflant, véritable coussin d’air pour la voix d’Hamilton Leithauser. C’est de cette sobriété, de cette humilité que jaillit la puissance de la musique des Walkmen. Ils se contentent de faire ce qu’ils savent faire : créer des ambiances profondes, presque aqueuses pour que chaque mot fracasse le simulacre de silence.

Petit à petit, ils avancent vers Lisbonne, sans détours et sans raccourcis. Simplement par le juste chemin, sur lequel il y aura des victoires, des déceptions, des cuivres tragiques et des comptines plus sucrées seulement destinées à cacher la douleur profonde qui émane de la voix de Leithauser. Rien de grandiloquent ou d’épique, un dur réalisme, simplement. Et c’est pour ça que la musique des Walkmen va si bien avec la routine du métro.

The Walkmen sortent Lisbon très bientôt, chez Fat Possum. Et c’est beau et sobre comme une église orthodoxe Lituanienne.

3 commentaires:

  1. Ouaip très juste Nathan. La musique des Walkmen me touche très rarement mais il y a quelque chose de très fort dans leur musique, qui est encore et toujours là malgré les disques qui se ressemblent. Gros respect.

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  2. Stranded est juste LE morceau ultime.

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