dimanche 23 janvier 2011

Carnet de Voyages.

Tout est illuminé. Un américain se plonge en Ukraine pour retrouver son passé, il est collectionneur, il veut recoller les morceaux en accumulant ce qu'il trouve. Une sauterelle, un peu de terre, un morceau de patate. Face à lui, Alex et son grand-père, deux ukrainiens d'Odessa, le guide et l'interprète. C'est alors un voyage initiatique, où l'Histoire s'efface au profit des histoires, où l'on se perd à la recherche d'une ville au nom imprononçable. Les cultures se mêlent, et dans cette quête tragicomique, c'est toute l'Europe de l'Est qui s'exprime. L'Europe, son histoire faite de lumières et de catastrophes, de philosophie et de passion.

La force de ces américains en voyage sur ces terres, c'est de réunir la noblesse des chants anciens, des ces motifs sacrés à la folie tzigane et aux violons débridés. De la Grèce aux pays Baltes, les musiques traditionnelles s'emmêlent et les frontières se brouillent. Il y a la puissance des gitans de Gatliff, l'humour des voyous de Kusturica et la beauté amère d'un Dovjenko. Ces américains, imprégnés de toutes ces cultures, sont eux aussi à la recherche de leur passé. Le même passé, celui qui a poussé une grande partie de l'Europe de l'Est à fuir, que ce soit à cause de Tito, à cause de Staline ou à cause d'Hitler.
Sur la marche binaire des cuivres, le souffle de l'accordéon accompagne ce retour à l'essentiel, une musique profondément attachante et entraînante, aussi chaleureuse qu'un sourire édenté. A Hawk and a Hacksaw a su saisir les traditions et les folklores, apprendre à y croire pour ensuite les restituer avec toute la grâce et la passion nécessaire à l'illumination. Tout est illuminé, oui

A Hawk and a Hacksaw, comme les cosaques, s'approprie l'Europe de l'Est avec Cervantine, en 2011, sur leur propre label, L.M Duplication ; une touche des Balkans, un soupçon de Russie, quelques courbes arabisantes et des contours Klezmer. Longer la Volga, se perdre dans les forêts de Lituanie, danser sur la place d'Odessa, pleurer à Istanbul, sourire à Budapest.

1 commentaire: