dimanche 20 mars 2011

Somewhere.

On reproche à Sofia Coppola de se répéter, de toujours faire le même film. On lui reproche son Somewhere, qui manquerait d'originalité, de nouveau, d'étincelles. Mais, ce qu'il faut bien se dire, c'est qu'elle ne sait faire autre chose. Si l'on y regarde de plus près, elle n'a fait que des films sur la même chose : l'ennui. Son travail, c'est de montrer la beauté de l'ennui. C'est d'enluminer le rien. Le rien de la vie de quelques ados, le rien de badauds paumés dans Tokyo, le rien d'une reine trop jeune. Et le rien d'un acteur dont la vie est bien trop belle pour être intéressante.
Elle fait donc toujours la même chose, elle ne s'en cache d'ailleurs pas. C'est sa marque de fabrique. Et tout ses tics, toutes ses petites manies, font de ses films des moments vides et vains, mais qui font sourire du début à la fin, béatement. Parce qu'à contempler le vide le plus pur, on finit par se contenter de son propre vide, bien plus confortable. Par l'ennui, Sofia Coppola embellit le temps qui passe.

Et la constante, c'est la musique. C'est grâce aux sons qu'elle peut étirer les scènes, et garder les spectateurs entre ses mains, les imaginer surpris, d'abord, puis voir un certain plaisir se dessiner sur leurs visages. Les scènes de strip-tease de Somewhere en sont une des plus belles illustrations. Inutiles au possible, elles incarnent tout le talent de Sofia Coppola. Sofia Coppola meuble le temps de rien, par la musique qui habille les images.

Explosions in the Sky, c'est en quelque sorte la même chose. Ils prennent leurs temps pour faire la musique du vide. Une musique qu'on pourrait grossièrement qualifier de musique pour la pub Air France. Une musique pour écouter en avion, parce qu'elle repose, parce qu'elle ensorcèle alors qu'elle se fonde sur des mélodies simples, des répétitions ad libitum de motifs qu'on leur connaissait déjà. Explosions in the Sky ne cherche jamais à surprendre, parce qu'ils ne savent pas faire autre chose que de s'envoler ainsi dans des superpositions de guitares, des explosions célestes. Ils gardent leurs tics et manies. Alors on leur reprochera sûrement ce Take Care, Take Care, Take Care. Qui finalement n'apporte rien à l'édifice. Mais qui fait toujours sourire béatement comme les films de Sofia Coppola.

Explosions in the Sky sortira son Take Care, Take Care, Take Care fin avril 2011 chez Temporary Residence Limited. Et on attend impatiemment que la fille Coppola utilise les quatre texans sur la bande originale de son prochain film. Un film sur les avions, ce serait chouette.

3 commentaires:

  1. Un film de Coppola sur les avions avec Explosions in the Sky en BO ça peut être un must en matière de film sur l'ennui en effet ! ^^
    Je connais pas beaucoup ce groupe faudrait que je m'y mette avant ce prochain album (mais t'es bien en avance donc j'ai encore le temps !)

    RépondreSupprimer
  2. Tu sais ce que j'en pense puisque chroniqué aussi...

    RépondreSupprimer
  3. Et on en pense la même chose. :)

    RépondreSupprimer