jeudi 17 mars 2011

Vertige de l'Amour.

Le dubstep est un masque. L'identité de Burial reste une inconnue, il n'est qu'un dessin gribouillé, une sorte de tag à la Banksy sur des murs introuvables. Pourquoi ces producteurs et autres djs se cachent-ils ? On serait tenté de répondre qu'il n'y a que la musique qui importe. Et c'est vrai. Ces mecs-là se planque derrière leurs ordinateurs ou tables de mixage parce qu'ils existent par leur musique. Ils n'ont pas besoin d'une autre identité dans le monde de la nuit que leur nom de scène. Celui par lequel ils existent sincèrement, celui par lequel ils sont reconnus comme la "personne qui fait danser les gens", comme dirait Dylan.

Ce sont des hommes de l'ombre, bien trop humbles pour se mettre en avant. Leur unique préoccupation est la danse, ils sont ces esthètes de la nuit, concentrés sur les mouvements en rythmes d'un peuple derrière les stroboscopes. Ils enfoncent alors les mélodies dans des beats sans fin, qui se superposent à l'infini pour prendre la plus totale possession des corps. Ils cherchent cet instant de basculement, quand le cerveau explose le fusible de l'inhibition et que les bras se délient et tournent.

Pourquoi faire des albums alors, si ces hommes ne sont que des guerriers dévoués à la cause des ahuris noctambules ? Ils veulent graver leurs plus belles idées, immortaliser ces moments de vertiges, ces montées progressives et envoutantes vers des cieux inespérés. C'est le paradoxe même de la musique électronique, elle est à la fois cérébrale et physique. Elle est dédiée aux pas de danse et à la nuit. Elle est aussi une nourriture cérébrale. Et elle atteint son sommet quand elle réussit à imprimer aux corps tout entier son rythme désarticulé, sa nostalgie profonde et surtout, une irrépressible envie de bouger.

FaltyDL se cache, lui aussi, derrière un nuage de fumée. Il ne néglige pas le doute et les paradoxes, il assume la limite de la musique électronique sur disque, et prend le parti de faire danser, quoiqu'il arrive. Sans jamais céder aux faibles tentations de la montée trop facile, des beats trop efficaces. Il masque sa musique comme il cache son visage, derrière une fumée blanche, qui se disperse assez vite pour qu'on sente immédiatement le cœur de sa musique, symbolisé par le titre de l'album : You Stand Uncertain.

FaltyDL réinvente le vertige électronique des grandes heures de Warp sur You Stand Uncertain, ça sortira le 28 mars sur le label de Mike Paradinas, Planet-Mu. Et ça fera sans aucun doute tomber les masques dans n'importe quelle soirée.

5 commentaires:

  1. J'appelle ça un article qui donne envie!!!

    Je downloade donc...

    Dites, petite question très amicale (mais que je crois pertinente) : Pouquoi n'identifiez vous pas clairement ce dont vous parlez? Là, je termine l'article et je dois faire relecture pour noter le nom du groupe. Je ne sais pas, moi, quelque chose de tout bête : une première ligne en gras avec le nom du groupe et de l'album...

    Bonne journée!!!

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  2. Exact, mais j'avoue que quand j'écris, j'aime parfois ne pas tout dévoiler directement. Et j'aime aussi les gros titres avec un rapport ténu avec l'article et/ou le disque. Après, c'est sûr qu'une ligne en gras en haut faciliterait le travail. Mais je résume tout à la fin (artiste, titre, label, date de sortie) donc j'avais pas pensé ça tellement inutile.

    Je verrai si je pense à le faire dans le futur. :)

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  3. Beh, étant donné que tu as raison, mets ta ligne de données en gras bêtement dans le fond...
    ;-)

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  4. Excellent album, que j'ai eu du mal à saisir tout de même parce qu'il est méchamment homogène. Mais c'est du lourd, et on ne s'en lasse pas de l'écouter.

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