Battles - L'Aéronef, Lille, 12 avril 2011.
J'allais vous parler du dernier album de Battles, Gloss Drop et expliquer que la tête Tyondai Braxton partie, il ne restait à Battles que les jambes et les hormones. Battles perdait son fort caractère intellectuel pour se concentrer sur les jambes, et les faire bouger sans cesse. Toujours en prenant soin de briser les tibias à coups de basse de manière à ce que les mouvements demeurent désarticulés. J'allais expliquer que Gloss Drop était un excellent album, en plein dans l'instant présent et dans l'éphémère, près à exploser à tout moment, et capable de faire hocher les têtes de n'importe qui devant son ordinateur. Puis, j'aurai dit que c'est le propre de Battles, de savoir comme ça, faire se mouvoir avec une musique à la fois complexe, libre et désaxée. Le paradoxe ultime : la simplicité dans la complexité.
Ensuite, j'aurai émis une petite réserve sur ce Gloss Drop, moins ambitieux, moins fou, moins intello, plus instantané donc trop facile. Juste un disque pour faire danser sous le soleil, qui tombait parfaitement, dans le contexte opportun alors que le printemps pointe son nez.
Mais voilà, quand on le prend en pleine gueule, l'immédiat, on revoit son jugement.
Battles, sous les lumières rouges, vertes, jaunes et bleues, fracassent les jambes à grand renfort de basse, de percussion sans queue ni tête et de bruits qui encerclent et englobent ensuite totalement. Ces trois américains aux pas de danses guindés, pince-sans-rire, distillent leur musique venue d'ailleurs. Gloss Drop prend toute son ampleur en concert, quand on se retrouve face à face avec les tourbillons, les répétitions, les breaks et les accélérations. Battles court-circuite toujours le cerveau pour ne laisser que les jambes et la tête bouger en rythme.
Alors, reconsidérons ce Gloss Drop comme il l'est. Du plaisir en intraveineuse pour chercher à atteindre une transe chamanique. Quelque chose que finalement, j'ai ressenti pour la dernière fois en 2008, lors du concert de Gang Gang Dance à la Route du Rock. On pourrait parler de méthode Warp, du coup. Ce nouveau Battles est d'une ampleur folle sur scène. C'est un album pour la scène et pour le plaisir. Pour les hormones qui stimulent le corps. Alors faute de bonheur, on se contentera allégrement du plaisir.
Finalement t'as presque parlé ni de l'album, ni du concert...
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