En 1986, Paul Simon sortait son chef-d'oeuvre absolu, Graceland. Enregistré entre Johannesburg, Londres, New York et Los Angeles, ce disque propulsait ce qu'on catégoriserait vulgairement de world music plus tard en haut de l'affiche. Dans Graceland, il y a la chaleur de l'Afrique, les chœurs des gourous et la danse de la pluie. Graceland est beau comme un orage l'été. Cet album est à la fois léger et possédé. Alors que Paul Simon sort un So Beautiful or So What en 2011, Noah Lennox, toujours planqué derrière le nom de Panda Bear, sort son Graceland.
Déjà chez Animal Collective, Lennox laissait poindre quelques digressions vers le berceau de l'humanité. On imaginait parfaitement la savane sur "Brothersport". Mais, disons-le, Animal Collective s'est un peu court-circuité par son implacable tendance à l’expérimentation, devenue quasiment vaine. A force de vouloir ajouter des couches à sa musique, les quatre animaux se sont perdus dans une forêt trop dense, oubliant leurs cris magiques sur Feels et Strawberry Jam, et la liberté totale d'un Here Comes the Indian ou d'un Danse Manatee. De Merriweather Post Pavillion, album agréable s'il en est, on retiendra surtout "My Girls" et "Brothersport". Et c'est loin d'être un hasard, car si on dénude un peu ces titres, on obtient du pur Noah Lennox. Voix fondues dans le décor par la reverb, motifs de synthés simplissimes mais profonds et surtout, une répétition des mélodies encore et encore, amenant à un apogée, une sorte de sommet venu de nulle part et jamais entendu.C'était exactement la construction de "My Girls", qui s'écartait d'un coup de sa construction tribale pour exploser d'un refrain inoubliable.
Tomboy continue sur la lancée de ces deux titres. Noah Lennox met de côté ses expérimentations inutiles, se concentre sur le son, noie sa voix et pose un rythme simple et tribal pour que ses incantations décollent et remuent la terre. Comme Graceland, c'est un album imprégné d'Afrique, où l'on entend les pieds nus frotter le sable ocre, on s'éblouit en regardant un soleil imaginaire. Ce n'est pas l'Afrique en elle-même qu'on entend, mais l'Afrique imaginée par ses américains. Paul Simon y voyait des diamants sur des semelles, Panda Bear y voit d'autres motifs, peut-être moins alambiqués et qui ne resteront pas plus qu'une saison, mais sa musique est aussi sincère et prenante que celle de Paul Simon.
Panda Bear sort son Tomboy le 12 avril chez Paw Tracks. Ce n'est peut-être pas le chef d'oeuvre qu'était Graceland, mais il rêve de la même musique, une musique sans frontières.
Je m'attendais à quelque chose de moyen après avoir écouté les premiers morceaux apparus. Au final, je le trouve pas mal cet album, au moins la première moitié qui est bien tripante.
RépondreSupprimerBien moins coloré que Person Pitch tout de même.