vendredi 27 mai 2011

The Tree of Life.

Encore une fois, c'est une histoire de croyance. Non pas en un grand architecte, singulier ou pluriel, non pas aux miracles, non pas en une instance supérieure et insaisissable. Ce n'est pas la croyance en l'intangible,  c'est admettre l'ineffable. C'est plus que de la superstition, plus que l'envie de connaître les causes de tout. Et, tout aussi paradoxalement, c'est se confronter à ses propres limites, et ce, sans se confronter à l'infini.

Bon Iver, ce sont des petites cabanes en bois et des marécages, des nénuphars et tout ce retour new-age à la nature. Dans le monde idéal de Justin Vernon, il n'y aurait que des arbres rendus flous par l'aquarelle, des fleurs blanches et de l'amour comme une présence elfique, comme une force éternelle qui hanterait chaque corps vivant. La musique de Justin Vernon transpire la nature, pas celle tangible, que l'on côtoie sans s'en apercevoir, mais une nature ayant une âme, sortie tout droit d'un dessin animé (le mot est tellement approprié) de Miyazaki. C'est dans cet animisme que la musique de Bon Iver devient surnaturelle. Parce que Vernon donne aux notes et aux sons l'âme qu'il voit flotter constamment autour de lui.

Et il y croit tellement fort que l'alchimie opère. Sa croyance déteint peu à peu, et une plongée dans des aquarelles de cabanes et d'arbres devient inévitable. On se retrouve happé dans un monde rêvé, un fantasme barbu et naturaliste. Bon Iver vole dans les airs comme une apparition. Moment éphémère presque surnaturel, qui échappe à toute explication. Et la croyance en la rationalité s'effrite, pas que ce discours s'impose et convainque, mais simplement parce qu'il efface tout le reste l'espace d'un court moment. La rationalité laisse place à un vide. Et l'on en arrive à se demander simplement comment la magie opère à chaque fois que Vernon ouvre la bouche, comment cet ermite arrive à enlever à chaque fois toute once de distance, à décharner les débuts d'analyses et à écraser les moindres doutes naissants sur sa musique.

Ce n'est qu'un album de Bon Iver de plus, sous le nom de Bon Iver, qui sortira le 21 juin chez Jagjaguwar. Un quelque chose musical tellement sensible et singulier qu'il court-circuite la critique, parce qu'il force simplement à croire.

1 commentaire:

  1. Le premier album etait tout simplement magnifique!
    Celui la l'est aussi mais différent. Plus d'instrument moins "folk", toujours aussi délicat et touchant.
    Un des albums de cette année 2011 (pas très grande d'un point de vue musique pour le moment)

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