jeudi 1 septembre 2011

בובע-מעשה (Bubbemeyses!) part. 6 : Oy vey !

Le bon goût (ashké)naze

Le retour des Bubbemeyses !  Aujourd'hui, un peu d'humour juif et yiddish pour se détendre avant de s'en aller sur les chemins de l'école. Deux chansons à la gloire des femmes, et de ce qu'elles infligent à leurs maris. La culture juive est matriarcale. La "mame" est le centre de la famille, on la respecte et la craint autant qu'on aime se faire dorloter par ses petits plats à base des choses les plus grasses de la terre, de ces gâteaux au fromage et de ses remarques acerbes sur la fille que vous avez ramené, sur votre comportement, sur votre apparence.
L'humour de la "Yiddishe Mame" cache souvent une méchanceté pure et assez violente pour ses accointances, et surtout pour sa propre famille. Plus elle est proche de vous par le sang, plus elle sera acerbe et critique. Mais cette exigence est la conséquence d'un amour démesuré pour les enfants ! Elle les aime tellement qu'elle veut qu'ils soient les plus beaux, les plus forts, ceux qui ont le mieux réussit. Histoire que, quand elle s'en plaindra à ses amies, celles-ci soient jalouses. Je vous épargne toutes les blagues, même si elles sont plutôt drôles en général.

Donc, dans cette histoire d'amour mère/enfant, il n'y a plus tellement de place pour le mari, ou alors, c'est lui qui déguste le plus. Encore plus exigeante avec celui qui partage sa vie, la yiddishe mame est tellement insupportable que ce serait au tour du mari de se plaindre. Une simple histoire de barbe la rendrait folle.

  Die Bord - Mikhl Gordon by yiddishsongs


Pas de barbe, pas de latkes.
Cette chanson de Mikhl Gordon, vaudeville allant et simplet, était d'abord sortie dans l'anonymat pour ne pas froisser les Hassidiques, ces juifs austères et trop sérieux pour se moquer gentiment de leurs femmes. Cette chanson parle de Tshipe Trayne, qui a eu le malheur de raser sa barbe. Sa femme ne le reconnait plus, se demande si c'est un enfant ou une femme. Bien sûr, c'est la fin du monde, elle en avait le pressentiment ! La barbe pourtant, n'imposait rien, il ne fallait pas la nourrir, elle, elle ne coutait rien ! Elle revendique donc le retour de la barbe, comme symbole de la virilité que son idiot de mari a perdu en la coupant. 
Une simple histoire de barbe ? Pas que. Derrière, il y a aussi une critique des traditions gravées dans le marbre de la synagogue, de toutes ces choses qu'on fait sans plus savoir pourquoi. Gordon critique en douce l'immobilité de la communauté, cette impossibilité d'évoluer et de s'adapter à la modernité, comme dans Fiddler on the Roof par exemple, où Tevye refuse en bloc tout amendement aux traditions. 

Mais revenons à la "mame" ! Elle est tellement exigeante et difficile qu'on est heureux de se retrouver célibataire ensuite. 

    Ikh bin a border bay mayn vayb by yiddishsongs

Aaron Lebedeff écrit donc "Ikh bin a border bay mayn vayb", littéralement "je suis un pensionnaire chez ma femme", ou comment vivre la belle vie, loin des contraintes de la "mame", mais ironiquement toujours chez elle. On retrouve donc le côté mère-poule, elle a beau être séparée, elle continue de veiller sur toi que tu le veuilles ou non. Pas besoin de détailler plus le côté Œdipien de la chose...

I'm telling you explicitly,
that I'm very content now,
better to be a boarder than a husband.
I don't have to keep an eye on my wife,
and step in, when the butcher
brings in the meat.
I am so free of worries,
I don't have to borrow, lend,
don't have to work and bring her money.
Since I'm only her guest, it's been pleasant with no end.
I only eat and drink, and enjoy my life

Puis au moins, avec cette situation, on peut se raser sans provoquer l'apocalypse.

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