La musique classique fascine. Elle ne passionne pas, elle hypnotise. Chaque note n'est pas là où on l'attend. Elle mène en bateau, et arrivé au dernier moment, elle bifurque malicieusement. C'est ce qui fait sa singularité, c'est ce qui donne ce plaisir toujours neuf.
Sauf que ça, c'était il y a longtemps, quand Mahler écrivait encore ses symphonies, quand Bach fuguait, quand Wagner découpait des preludes merveilleux à ses opéras. Aujourd'hui, la musique classique contemporaine a vu Schönberg et Boulez. Elle ne cherche plus à fasciner, mais elle provoque et innove.
Qui aurait cru, en 2005, retrouver cette contemplation ? Aaron Funk a réussi à trouver le pouvoir de la musique classique, à reconquérir cette âme. Des vagues envoûtantes de cordes installent l'auditeur dans un cocon auditif, avant de s'y mettre vraiment. Des tremblements, des beats incessants, du bruit ; la magnificence des violons cède place à un délire bruitiste, un déluge de violence. C'est le credo de l'album, entre cadence classique et déchainement électronique. Ce disque au nom imprononçable happe l'auditeur et le broie.
La fascination que procure la musique classique existe encore. Elle évolue.
Visconti avait utilisé Mahler dans son Morte a Venezzia, et le piège vénitien s'est refermé, implacable. Les canaux se sont mis à s'agiter, les gondoles à trembler. Une terrible vague s'écrase sur la place Saint-Marc, provoquant l'envol des milliers de pigeons qui la peuplent habituellement.
La noyade est assurée dans ce tourbillon aqueux et destructeur.
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