"And these visions of Joanna are now all that remain."

On tient déjà le meilleur disque de l'année !

Je ne cite pas le dieu Bob Dylan à la légère. Pas pour rien. Il faut que ça le mérite. Et Joanna Newsom le mérite tellement. Elle incarne la grâce, du haut de ses 28 ans, en effleurant sa harpe. Ys était déjà un des meilleurs albums de la décennie, Joanna ouvre la nouvelle avec un triple album, Have One On Me, elle se fout pas de nos gueules.
Sa voix si pure est toujours présente, sa harpe aussi, les arrangements alambiqués accompagnent toujours ses morceaux à rallonges.

Les trois disques se suivent et se complètent. On sent qu'elle a atteint ce qu'elle a toujours recherché, ce qu'elle voulait, sa voix est plus posée qu'avant, moins "étrange", elle est presque devenue une vraie chanteuse. Des fois, elle troque sa harpe pour un piano, laisse échapper quelques rythmes de batterie. Des fois, c'est plus pop qu'avant. Des fois, c'est comme avant. D'autres fois, c'est juste merveilleux comme le "Emily" de Ys.
Tout cela atteint une sorte de monde supérieur, une sorte d'idéal baudelérien, ça frôle délicatement la perfection. Chaque disque y va de son apogée. "Have One on Me" sur le premier, dans la lignée des précédents avec une touche de percussions pour rythmer cette élévation vers les sphères les plus élevées, "Occident" sur le second, d'une simplicité à couper le souffle et "Esme" et "Autumn" sur le dernier disque. Kate Bush n'est jamais loin on entendra dire. Mais Joanna surpasse tout ça. Elle surpasse et se défait de chaque comparaison. Elle s'adresse directement à l'âme. A chaque écoute, le disque s'impose comme un chef-d'oeuvre, une œuvre d'art qui se construit peu à peu dans les oreilles, dans le cerveau, dont on découvre toutes les sensibilités, tous les petits détails de la production de Jim O'Rourke (rien que ça).
Joanna continue sa route, son ascension vers la perfection. Et le pli de sa robe la frôle une fois de plus, avec légèreté.

Alors, Regina Spektor, au placard (même si c'est très chouette ce qu'elle fait), et toutes les autres avec, sur des cintres, à prendre la poussière. Cat Power, Laura Veirs, Kate Bush, Laura Marling, hop !
Joanna sauvera le monde à leur place, avec une harpe et un sourire.

Et puis, en cadeau, un live magique, où Joanna raconte des blagues de sa douce voix, et joue des chansons.
Live at the Bottletree.