lundi 12 avril 2010

Babel.

"Le post-rock c'est chiant" a longtemps été ma devise. Je n'ai jamais aimé les "grands" albums de A Silver Mount Zion, j'ai toujours trouvé Tortoise prétentieux et ennuyeux à mourir. Aujourd'hui encore. Mais je me suis forcé. Un album de Do Make Say Think passe à peu près, le Lift Your Skinny Fist to Heaven like Antennas de Godspeed You ! Black Emperor m'apparaît maintenant comme une montagne magnifique qu'il a fallu gravir, et ça a prit du temps. L'annonce de la reformation et de la tournée de Godspeed m'a même rempli de joie, c'est dire.
Il faut sûrement du temps pour apprivoiser cette musique boursouflée et prétentieuse, et cela doit passer par des portes d'entrées, des disques qui permettront l'accoutumance, des premiers rendez-vous.

The Earth is not a Cold Dead Place comme entrée, comme premier flirt, premier émoi. Les guitares s'emmêlent, se frottent, se battent, d'abord doucement et lentement, en dressant une atmosphère de félicité, une utopie forcément irréelle et calme comme une grande plaine verdoyante où un édifice se construit peu à peu, et s'élève. L'absence des pleurs des violons donne à cette musique lancinante une froide beauté, un côté gelé et presque immobile, imperturbable. Une mécanique glaciale et efficace, une machine à faire du beau. Une musique qui avance et que l'on ne peut arrêter. Elle s'élève et s'élève au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, des montagnes, des bois, des nuages, des mers, par delà le soleil, par delà les éthers, par delà les confins des sphères étoilées, elle grimpe, étage par étage vers une explosion dans le ciel. Des explosions dans le ciel, pleines de couleur, un feu d'artifice, le bouquet final.
Explosions in the Sky a construit la tour de Babel, sans échec. Un moyen de s'élever et de toucher le ciel avec le langage universel de la musique, ça ferait plaisir à Baudelaire.

C'était en 2003, c'était chez Temporary Residence Limited, et ça reste un émoi.

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