vendredi 30 avril 2010

"Comme un coup de poignard dans le cœur de Staline".

Aujourd'hui, pas de digressions littéraires incompréhensibles. Aujourd'hui, c'était les maths. Du calcul rigoureux, de la rédaction sobre et mécanique.
Le sujet était infaisable pour un individu lambda qui n'a pas fait de maths depuis un an (c'est-à-dire moi). Mais je ne peux m'empêcher de penser à la musique de György Ligeti quand je me retrouve devant un énoncé de mathématiques. Le problème est en fait exactement le même. Où veut-il en venir ? Qu'est-ce qui est caché derrière cette question ?

Ligeti fait de la musique mathématique. Il prend deux notes pour le premier mouvement. Trois pour le suivant... On appelle cela une suite. Et ce, jusqu'à arriver à la musique dodécaphonique, voire la musique sérielle (après les suites, les ensembles de suite, les séries, logique). Il utilise l'harmonium, l'orgue, d'étranges instruments pour de la musique classique. Ligeti provoque le doute et l'effroi. Un "qu'est-ce que c'est que ça ?". Il va plus loin que la musique classique. Il développe, factorise et multiplie le tout, mais en gardant le côté mécanique et rigoureux. Une explosion prévue depuis longtemps, grâce au calcul infinitésimal.
Sa musique est aussi absurde qu'une question d'une épreuve de maths. En soi, ça ne sert à rien d'aller aussi loin, de faire un "poème symphonique pour 100 métronomes", suite interminable de cliquetis.

Mais le plaisir de trouver, de comprendre, le plaisir de l'illumination est aussi là. Quel plaisir de réussir à encadrer une intégrale, après une heure de recherche acharnée. Cette joie est la même que celle de découvrir comment Ligeti réussit à angoisser un auditeur avec trois notes (utilisées par Stanley Kubrick dans un des plus grands films de tous les temps, Eyes Wide Shut -et ce propos fait débat mais essayez voir de me contredire). De la musique libre et vaine. Comme ce mathématicien prêt à construire un espace à onze dimensions pour s'amuser, Ligeti construit sa musique pour la beauté du geste. Et les ambiances qui suivent, le ressenti qui accompagne ces expérimentations évolue comme celui parallèle à une question de maths : de l'angoisse à la joie.

Mechanical Music de György Ligeti est sorti en 1997 chez Sony, mais les œuvres datent de bien avant, d'un temps où les calculatrices étaient de la taille d'un ordinateur.

Je pense conclure cette série d'articles ici. Il reste une épreuve d'économie et une épreuve d'anglais, mais elles sont la semaine prochaine, et ne se prêtent pas tellement à ce genre d'exercice. Le cours normal des événements reprendra donc dès ce week-end, avec des articles normaux.

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