Head & Shoulders.

Alela Diane est arrivée comme une apparition. Une surprise. Personne n'attendait un retour au folk si pur. Au départ, sans arrangements et sans atours, juste avec sa voix et sa guitare. Et tout le monde s'est pâmé. "La relève folk ! Joan Baez est de retour ! Que l'Amérique est belle". Il y avait de quoi. Son album était un retour aux début des années 60 impressionnant de beauté et de charme.

Il fallait utiliser cette voix autrement. Et l'exercice de la reprise est plus difficile que la composition. Comment prendre des risques dans ses chansons folks ? L'interprétation n'appartient qu'à soi, qu'à elle. Écrire une bonne chanson, c'est autre chose que de s'attaquer à un monument. Alors Alela perd la tête et entre dans ce groupe, Headless Heroes pour The Silence of Love, et fait des reprises. Nick Cave, The Jesus & Mary Chain, Jackson C. Frank ou Daniel Johnston sont autopsiés et recousus de manière à leur donner une nouvelle jeunesse. La pesanteur magnifique et érotique de "Just Like Honey" devient une ballade acoustique presque mélancolique. "True Love Will Find You in the End" de Daniel Johnston prend le chemin inverse. D'un titre original dépouillé, on arrive à un morceau planant et délicat.
Headless Heroes et Alela vont dans le sens inverse des chansons. Ils les retournent avec beaucoup de réussite, sans commettre de sacrilège (en même temps, ils ne s'attaquent pas à Dylan).
Je ne pense pas que l'album eût été bon sans Alela. Alela Diane a cette capacité de porter le monde sur ses épaules, qu'importe ce qu'elle chante. Son concert en était la preuve, son dernier album aussi.
Puis, un titre vers la fin de l'album dit "Hey, who really cares ?". C'est vrai, qui s'en soucie que ce soit bon ou pas. C'est du folk bien fait. Pas besoin de demander plus. C'est ça qu'est bon.

C'est sorti en 2008 chez Fargo, et c'est The Silence of Love de Headless Heroes.