vendredi 23 avril 2010

L'étranger.

Je mets souvent un temps conséquent pour trouver les titres des articles. Des vannes foireuses, ou des titres de films en rapport avec le disque, l'atmosphère. Histoire d'entretenir les méninges et la mémoire, et d'utiliser la violence symbolique que permet internet. Pour ce disque, le titre était tout trouvé. Camus a tout écrit sur ce disque déjà, même s'il ne l'a jamais entendu. Le groupe s'appelle Meursault, comme le héros de L'étranger, comme Marcello Mastroianni chez Visconti dans l'adaptation du film (très moyenne d'ailleurs).

Meursault, donc. L'homme étranger au monde, qui le découvre peu à peu, qui en dessine les contours par sa sensibilité. Qui reprend son destin en main en tirant des coups de feu supplémentaires. Le passage du passif à l'actif. Il subissait, il fait subir pour ensuite découvrir dans une cellule exiguë. Il se forge, insulte le prêtre, comprend les réactions qui l'entouraient. Une véritable naissance. Ce disque est une naissance. Derrière le lo-fi sommaire, le minimalisme d'un orgue et d'une guitare folk, il y a une voix prenante, un cri dans la nuit au fin fond d'Alger. On y entend les Antlers ou le dernier album de Noah & The Whale, mais sans artifices. La puissance atteint les sommets des Walkmen parfois.
C'est un album à la fois calme et tourmenté, comme Meursault attendant la mort.
Camus l'avait déjà dit :

"Comme si cette grande colère m'avait purgé du mal, vidé d'espoir, devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles, je m'ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l'éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j'ai senti que j'avais été heureux, et que je l'étais encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine."

All Creatures Will Make Merry de Meursault sortira cette année, chez Song, By Toad Records.

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