mercredi 7 avril 2010

Lover, You Should Have Come Over

Rufus Wainwright est entre deux eaux. Il est à la fois un song-writer ultra-sensible et brillant, capable de composer des petites perles que sa voix si particulière porte, capable de faire chialer quiconque (rappelez vous "Going to a Town" quoi, la part masculine d'une Norah Jones), capable d'émouvoir les minettes et Shrek avec sa reprise d'Hallelujah, et peut-être le seul capable sur terre de toucher à Leonard Cohen sans en enlever l'essence même. Le seul avec Jeff Buckley.
Par exemple, Rufus réussit la chanson la plus triste du monde, "Chelsea Hotel #2", alors que Mlle Regina Spektor se ramasse, hélas. Ca tient à peu de chose.

Et le parallèle avec Jeff Buckley ne concerne pas seulement les reprises de Leonard Cohen (parce que faut le dire, Buckley s'en sort bien sur "Hallelujah", même si c'est pas encore Cohen, intouchable avec son recul et une certaine ironie pour cacher tout le tragique de la chose). Toute l'émotion de Buckley venait de sa voix impressionnante. La même chose pour Wainwright, qui réussit avec une montée discrète dans les aigus à accrocher l'oreille, avant de chercher les larmes. L'hypersensibilité peut être insupportable, le côté "j'en fais trop" peut vite faire passer à autre chose. C'est là l'extrême que Rufus essaie d'éviter. Il slalome entre moments de grâce et moments d'ennui... Certaines de ses chansons sont très chiantes, hélas, parce qu'avec son talent de la composition, sa voix et les arpèges de piano, il y a de quoi émouvoir un footballeur analphabète. Comme Buckley en fait. On peut pas faire que des "Lover, You Should Have Come Over" hein. Entre deux eaux alors, mais quelques chansons merveilleuses suffisent à donner au disque le rang de "bon disque" à la place de "autre disque chiant avec un gars qui geint", ce que Maximilian Hecker arrivait à faire, mais moins bien. Et ce disque est illuminé par sa deuxième moitié, avec "Shame" et "The Dream" comme sommet émotionnel.
Et comme je vais voir Mount Eerie demain j'en dis pas plus parce que j'ai envie d'écouter Mount Eerie.

L'album s'appelle All Days are Nights : Songs for Lulu, c'est de cette année et c'est sorti chez Decca.

1 commentaire:

  1. Yeap, de beaux moments de songwriting un peu entaché par quelques passages qui tirent trop sur la corde.

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