mardi 13 avril 2010

"Pour Slim Gaillard, le monde entier n’était qu’un vaste orouni."

Internet a quelque chose de magique. Internet offre de l'audace. L'audace de mettre sa musique en ligne, l'audace d'en faire, l'audace de contacter d'autres musiciens comme ça. Orouni appartient à ce qu'on pourrait appeler la scène pop-folk parisienne, s'il y en a une. Aux côtés de Top Montagne, Mina Tindle, Quetzalli, Toy Fight, Fraicheur Concombre ou les Faster Gore Core Girls, et tant d'autres. (Il y aura une pluie de liens oui, parce qu'il faut aller écouter ces gens pas assez connus). Je me suis retrouvé plongé dans cette sphère à force d'aller voir des concerts dans des petits bars parisiens, de rencontrer des gens.

Je ne connaissais Orouni que de nom. Il était l'ami de mes amis sur myspace. J'avais vaguement jeté une oreille à ce qu'il faisait. Et quand je vois que MonsterK7, le label de la cassette DIY, c'est-à-dire Kawaii organise un concert à Lille, avec Orouni, je me dis "chouette" ! Paris vient à Lille. Alors j'écoute, surtout qu'à l'époque, Jump Out the Window était en première page de Deezer, ce qui m'a assez surpris. Je farfouille. Je trouve un interview où Orouni raconte qu'il aime le cor dans "For No One" des Beatles. Après cinq minutes d'hésitation, j'envoie un message par myspace. Quelque chose comme "Salut je fais du cor j'habite à Lille ça te dit je joue avec toi pour ton concert ?". Résultat : je me retrouve à travailler par mail avec Orouni les parties de cor, à jouer devant peu de personnes. Une personne de plus dans mon carnet d'adresse, en somme, et un moment à part et génial, avec une mise en place quasi improvisée, comme on l'a beaucoup fait avec Quetzalli. Puis un moyen de frimer, aussi.
Alors voilà, maintenant, j'en parle ici, parce que Orouni a sorti un EP et deux albums. Du plus DIY au plus produit.

A Matter of Scale (2006)

Avant de mettre des arrangements complexes et d'ouvrir de nouvelles portes vers d'autres sonorités, Orouni se contentait de faire du folk. Guitare acoustique et voix, ou piano/synthé. Ce qu'annonçait déjà le tube en puissance Almen Kirkegard Lullaby en fait. Des influences ? Les dieux du folk, Leonard Cohen ou Bob Dylan, mais avec une fougue supplémentaire, quelque chose comme les Shins ou les New Pornographers. Donner au folk un côté pop entraînant. Puis j'adore les paroles de "I Wanna Have Money", surtout le "I wanna have money, for italian food you know I'm always in the mood", d'une simplicité déconcertante et pourtant tellement criant de vérité. Pourtant, on ne tombe pas dans la simplicité à tout bout de champs, il y a certes des comptines pop, mais aussi des structures complexes comme sur "Snowfall with a Sock" avec ses multiples détours qui surprennent. Des histoires plombiers polonais, des filles amoureuses, des parodies et du dentifrice. Tout ce qu'il faut pour réussir un disque de folk popisante enregistré dans sa chambre.

Jump Out the Window (2008)

Si on y croyait, on dirait que c'est "l'album de la maturité", mais comme ça veut rien dire, on le dira pas. De la maturité dans la pop, et puis quoi encore ?! Il y a juste plus d'arrangements, plus de pistes, une voix plus assurée encore, un côté plus "punchy", histoire de faire siffloter tout le monde dans la rue l'air de "Panic at the Beehive". Des arrangements un peu tordus parfois (pour les avoir joué au cor, je peux le dire) mais jamais de côté. Et la grande nouveauté, c'est les voix de Mlie et de Mina Tindle (sur une seule chanson, "The Perfume Conspiracy" qui était déjà sur A Matter of Scale et qui est encore plus belle avec la voix de Mina Tindle), qui rapproche encore Orouni des New Pornographers, mais surtout qui ajoute une dose de fraicheur, qui relève un peu le goût, offre de la nouveauté. Comme les accents "world" de "Air Hostess in a Mission". Tous les titres sont des bijoux pop scintillants, ou des chansons plus tristes ("The only Pictures I've Got" en tête). En plus, il y avait une cassette de remix avec, maintenant disponible gratos sur le site de MonsterK7, avec des versions de Top Montagne, de Michael Wookey (fantastique reprise d'ailleurs) et la version acoustique folk de "Open It In May" toute en délicatesse.

Comme il l'a bien voulu, vous pouvez télécharger les albums (uploadé à la main), comme d'habitude en cliquant sur les pochettes. Sinon, vous pouvez acheter les disques. Même qu'il le faut. C'est sur son site et il faut que tu cliques là : http://orouni.net/
En plus c'est pas cher.

3 commentaires:

  1. J'ai commencé à écouter A matter of scale.
    Pas mal du tout mais ça ne me semble pas inoubliable.
    Je poursuis demain midi, enfin, tout à l'heure !

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  2. ça y est, j'ai écouté complètement A matter of scale hier. Frustration, frustration ...
    J'ai l'impression d'être face à un disque auquel il ne manque pas grand chose, mais auquel il manque quand même quelque chose pour être véritablement intéressant.
    Les influences sont là. J'ai "ressenti" un peu de Sparklehorse, un peu de la voix de Jason Lyttle, un peu de ceci, un peu de cela, ...

    Pourtant, je ne rentre pas dedans, je reste à la périphérie. Il manque peut-être une vraie personnalité. Le savoir-faire est là, c'est indéniable, mais il manque ce "petit supplément d'âme" (France Gall / Michel Berger, circa 1986).

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  3. Essaie "Jump Out the Window" alors. Plus "produit". Au contraire, moi c'est justement "l'âme" que j'aime. C'est pas de la simple comptine pop. Il y a une valeur ajoutée.

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