samedi 17 avril 2010

Soirée Disco.

Donner un nom à la musique de Boris me semble difficile. Déjà parce que Boris a sorti une quantité impressionnante de disque, et parce que le groupe japonais s'attarde un peu dans tous les registres, tant que c'est pesant et lourd. Des fois, c'est du drone pur, pendant une heure sans interruption. Parfois, c'est du doom proche de Om, et d'autres fois, c'est d'autres choses. En fait, Boris fait du Boris.
On a pu les entendre sur la BO de The Limits of Control, le très bon dernier film de Jarmusch (ceci est un propos polémique tant ce film fait débat), on a pu les entendre avec Stephen O'Malley et Sunn O))), ou encore avec Merzbow (sur lequel il faudra vraiment s'attarder un jour, histoire de décrasser les oreilles des lecteurs).
Quelques idées d'écoute pour accompagner les cendres du nuage islandais au nom aussi imprononçable que du japonais.


Absolutego (1996)

C'est le premier disque, et pas le plus facile du tout. Voire le plus difficile à comprendre, à aimer. Tout commence par de l'infra-basse, et on monte progressivement dans un drone saturé et envoûtant vers on ne sait quoi. Enfin, c'est plutôt une descente vers les enfers. Il faut attendre vingt-cinq minutes pour entendre quelques hurlements avec des coups de batterie, histoire de dynamiser l'histoire. Ce n'est pas le drone lancinant, lent et hypnotisant de Sunn O))), mais plutôt un drone violent, qui frappe et s'attarde sur les impacts avec une puissance faramineuse. Les vingt-cinq première minutes forment une intro vers l'explosion des vingt minutes au centre et en apogée de l'album. Le disque se termine sur un larsen de vingt autres minutes, "l'holocauste" de "You Made Me Realize" de My Bloody Valentine, à côté, passe assez bien. Un premier disque très complexe, mais un monument de drone. En même temps, c'est chez Southern Lord, fallait s'y attendre.

Flood (2000)

Qui aurait cru, après le déchaînement sonique de Absolutego et des précédents albums, entendre de la part de Boris quelque chose de si beau ? Flood s'approche du post-rock, compose lentement des ballades sombres et mélancoliques, vingt mille lieues sous les mers. Des guitares imitent le cri des baleines. Le trio japonais prend son temps et débranche les pédales de distortion pour inventer une musique aqueuse. Les mélodies s'étalent. Boris créer une attente : quelle nappe, quelle voix va se poser sur cet arpège de guitare qui dure maintenant depuis sept minutes ? Pas si éloigné du disque de Vincent Gallo, en fait, avec des mélodies qui s'emmêlent. Un des meilleurs disques de Boris, peu connu pourtant. Une atmosphère qui revendiquerait facilement un Miyazaki, la beauté et la même, la poésie aussi.

Akuma No Uta (2003)

La pochette est emprunté à Nick Drake. Seule la guitare et l'homme change. On peut supputer : l'album de folk de Boris ? Un truc déprimant comme Nick Drake ? Et bien non, désolé. Akuma No Uta commence par du drone, à l'ancienne, tout en hypnose avant de montrer une face encore inconnue du groupe. "Ibitsu" suit. Un titre stoner à toute vitesse, avec hurlements et distortion, batterie à toute berzingue et chant en japonais. Et le pire, c'est qu'on pourrait croire que c'est une blague... Mais non, "Furi" continue le travail. C'est quasiment punk ! Boris se lâche. Tout est dans le contraste. "Naki Kyoky" reprend tout ce qu'on aime chez Boris : lenteur, progression petit à petit vers des explosions d'une beauté rare. Mais après, on remet ça, entre Black Sabbath et les Melvins. Il faut attendre le dernier titre pour calmer le jeu, ou pas. Tout explose de nouveau. Sans aucun doute un des meilleurs disques de Boris, tout en contraste, dans de nombreux registres et toujours brillant.

Smile (2008)

Dernière sortie du groupe, en 2008. Le nom est emprunté à Brian Wilson. Sauf que c'est pas trop la musique des Beach Boys. Des expériences psychédéliques ici, d'étranges bruits, des coups secs derrière la nuque. Et toujours des chants presque enfantins sur cette musique si malsaine. Pour rendre la chose encore plus glauque, sûrement. Il y a même des pleurs de bébé, un bébé qui chante, avant qu'un riff détonant prenne la place. En même temps, après quinze ans d'activisme sur la scène musicale, plus rien ne nous étonne venant de Boris. Qu'il fasse du punk, du drone, du post-rock ou de la chanson populaire japonaise ou simplement du bruit. De toute façon, ça reste réussi.

Le disque fait en collaboration avec Sunn O))), Altar est un monument du drone. Complètement terrifiant.
Et, pour les oreilles les plus accrochées, Sun Baked Snow Cave, avec Merzbow, une heure de déchaînement après une intro qui fait illusion avec son côté acoustique. Il ressemble assez à Absolutego dans sa progression, il a un côté plus mélodique, mais les bruits numériques de Masami Akita font mal aux méninges.

2 commentaires:

  1. Je citerai également Boris At Last - Feedbacker qui est pour moi un des meilleurs disque de rock qu'il m'ait été donné d'entendre... Mais je ne connais Boris que depuis peu - c'est le film de Jarmuch qui m'a donné envie d'explorer leur discographie d'ailleurs - et je n'ai pas encore entendu Smile alors ça sera l'occasion. Merci!

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  2. Tu signales que c'est signé chez Southern Lord pour tout ce qui concerne l'international parce que pour les sorties japonaises les disques sont agencés carréement différemment et j'aimerais bien entendre ce que ça donne.

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