dimanche 13 juin 2010

The Brown Bunny.

On pourrait ne s'arrêter que sur un titre. 69 Love Songs, comme une gigantesque blague potache de Stephin Merritt. Un disque à rallonge, une grande parodie voire une imposture. Stephin Merritt ressort toutes les banalités imaginables et décline la chanson d'amour niaise sous toutes ses formes. Comptines, ballades au banjo, clins d'oeil appuyés aux Jesus & Mary Chain, piano-voix, tout y est. Merritt prend sa voix de stentor et dégouline de sentiments. C'est sucré voire indigeste. Mais, quand on connait l'intelligence d'un mec comme Merritt, on n'y croit pas une seconde. C'est une vaste plaisanterie.

Il y a derrière chacune de ces 69 chansons une ironie profonde. Le nom du disque en est la preuve. Des chansons d'amour, mais du cul aussi. Comme s'il n'y croyait pas, à l'amour. Et qu'il faisait des chansons d'amour seulement pour choper. Alors qu'il lui suffit de faire son regard triste, avec ses cheveux ébouriffés pour dégager un sex-appeal non négligeable. Donc Stephin Merritt se fout de notre gueule, et en plus il le fait pendant longtemps, avec trois disques de vingt-trois chansons pour soixante-neuf chansons en tout. Il y a de quoi crier au scandale. Merritt n'est qu'un usurpateur.

Mais reconsidérons l'idée. 69 Love Songs et l'ironie, le recul comme bouclier. Merritt n'assume pas sa part de midinette. Il n'assume pas d'être ému par Sonny & Cher. Il voudrait être viril. Alors il se cache derrière le 69 du titre. C'est parce qu'il a voulu faire de chaque chanson une blague qu'il y a glissé des références, qu'il y chante de cette façon, un peu comme Adam Green le fera plus tard. Du genre "je suis Sinatra j'peux dire ce que je veux, elles seront toutes à mes pieds alors que je suis un vrai dur". Merritt se planque, simplement. C'est tellement compréhensible. Dans cette optique, chaque chanson devient un bijou équilibriste entre humour et sincérité, mais qui penche du côté de la vérité : Stephen Merritt aime les chansons d'amour, et il les fait bien. Même s'il assume pas.
Vincent Gallo cachait sa sensibilité exacerbée derrière une pipe, Stephin Merritt derrière le nombre 69. Et ce, avec intelligence et talent.

69 Love Songs des Magnetic Fields sort en 1999 chez Merge. Et c'est pas une histoire de coup d'un soir.

Vu que c'est en trois disques, ce sera trois archives.
Disque 1.
Disque 2.
Disque 3.

2 commentaires:

  1. Comme un signe, Seth Cohen vient de dire: "derrière mon extérieur de mâle, bat le coeur d'une jeune fille de 14 ans."

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  2. Je m'en lasse pas c'est effrayant.

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