Barbara chantait Gottingen, Brel chantait Amsterdam, Londres pour les Clash, les Beatles lançaient des joyeuseries à propos de Penny Lane, Simon & Garfunkel préféraient Homeward Bound, eux. Olov Antonsson, lui, préfère sauter au-dessus des flaques de Madeleine Street et se cacher derrière le nom de Cocoanut Groove, à deux lettres de Coconut Grove, un quartier de Miami. Et pourtant, il est suédois, il vient d'un pays qu'on imagine froid. Pourtant, Stockholm est faite de couleurs. Les façades réchauffent, voire éblouissent quand le soleil du nord se montre. Le pays de la pop, depuis quelques années maintenant.
Et qui dit pop dit mélange entre candeur et profonde mélancolie. La pop, c'est enrober des déceptions par des mélodies enjouées, c'est enjoliver les regrets. C'est ce que Belle & Sebastian maitrisait parfaitement. La difficulté va de soi : éviter de dégouliner, soit d'un côté soit de l'autre. Ne pas faire de la guimauve niaise, et ne pas geindre sans arrêt. L'équilibre est assez fragile. Olov Antonsson réussit à tenir sur un fil, entre les deux, comme en apesanteur entre le trottoir et une flaque d'eau. La deuxième embûche, c'est que le chemin est saturé. Il faut réussir à en sortir, à ne pas faire du sous Belle & Sebastian ou du faux Kings of Convenience. Il faut s'en défaire sans tomber. Et Cocoanut Groove est un bel équilibriste. Sa musique est comme Stockholm le matin sous un soleil naissant. Il fait froid, mais c'est agréable. Les joues des filles sont roses et les mains sont dans les poches. Les rues sont encore désertes et l'on peut facilement marcher sur la route sans craindre la moindre voiture, voire sauter habilement entre deux flaques.
C'est un ensemble de chansons simples et sans détours, pleines d'une mélancolie assez noble pour être touchante. Sans aucune prétention, aucune révolution, Cocoanut Groove clôture le printemps et accompagne les dernières tulipes. Encore un de ces disques affiliés à une période de l'année, en plus d'être lié à un lieu.
Olov Antonsson aka Cocoanut Groove chante ses regrets le matin de bonne heure dans une rue déserte, sa rue, Madeleine Street en 2008, chez Fridlyst Records. On ne sait pas où c'est, mais chacun retrouvera sa madeleine.
Nice shot (et titre approprié^^)
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