mardi 8 juin 2010

Caligula

J'avais découvert Speedy J avec Slag Boom Van Loon, son side project avec µ-Ziq notamment grâce au mirifique blog boardsofelectronica. J'ai voulu creuser un peu plus sur cet artiste étant donné la qualité de l'album de SBVL, et on peut dire que j'ai pris ma claque de l'année au bas mot.

Speedy J, aka Jochem Paap c'est le tout premier producteur de techno Hollandais ayant percé, bien avant que des blonds peroxydés fassent de la musique de club putassière ou du hardcore à qualité variable. Il a fait ses marques à la fin des années 80 auprès de la culture rave en plein essor: bien qu'en live il conserve cette approche, ses albums sont plus proches de l'IDM et de l'ambient avec une qualité assez hallucinante. La production est ultra travaillée et le son possède une profondeur rare, il est en effet une des personnes les plus influentes de la scène techno actuelle mais fait aussi partie des maîtres de l'electronica/IDM à côté d'Aphex ou d'Autechre par exemple.


Ginger (Plus 8/Warp, 1993)

L'album est tout d'abord sorti aux Etats-Unis sur le label Plus 8 (créé par Richie Hawtin, aka Plastikman) et au Royaume-Uni chez Warp afin de compléter la série Artificial Intelligence, sorte de manifeste d'une ""electronic listening music" to clarify that it was meant more for the mind than the body." Speedy J prend a contre pied la scène techno pure auquel il était habitué qui devenait d'ailleurs très populaire partout en Europe et aux States pour produire un album d'ambient plutôt dansant mais loin de ce qui se faisait à l'époque. Les sonorités sont très texturées et ont un côté old school, mais l'album est assez psychédélique au final: des nappes progressives vous enveloppes à l'image du grandiose "Flashback", on a preque l'impression d'écouter de la psy trance par moment ("Ginger" ou "Fill 15" par exemple) du fait de l'utilisation de sonorités redondantes à ce style . Pas le meilleur album de SJ, Ginger possède tout de même un certain charme très early 90's plutôt délicieux.

G-Spot (Plus 8/Warp, 1995)

Cet album est la logique continuité de Ginger, il exploite la même recette et toujours avec brio. Cependant, cet aspect mi psyché/mi dansant du précédent LP avec un côté old school (dont les mauvaises langues diront qu'il a mal vieillit) parait plus travaillées, plus mûrs. Les effets comme par exemple les reverbs sont plus profondes et vous retournent encore plus la colonne vertébrale (cf "The Oil Zone"), les beats paraissent plus construits et entraînant ("Extruma"). Quelques tracks sur l'album introduisent des ruptures avec de l'ambient contemplative et légèrement dark ("Fill 25" et "Lanzarote"). Mais ce qui étonne c'est cette impression de simplicité, tout semble s'enchainer de manière logique et homogène ce qui est bien souvent gage de qualité pour de l'IDM.

Public Energy No1 (Plus 8/NovaMute, 1997)

Avec les 2 précédents album, il semblerait que Jochem Paap a constamment repoussé la qualité et la profondeur de sa musique, force est de constater qu'avec cet album il a bel et bien atteint le paroxysme. Exit le côté dansant et psyché qui semble presque candide à côté, Public Energy No1 est un album sombre et puissant. Votre cœur battra à 1000 à l'heure à chaque évolution, cette musique est extrêmement prenante et jouissive malgré sa violence, qui reste cependant maîtrisée. L'effort explore les confins de l'inconscient et de la folie, ça suinte l'acide, c'est oppressant mais jamais désagréable. Mais ce qui impressionne, c'est surtout la maîtrise du son et de sa profondeur: il faut impérativement l'écouter sur des enceintes de qualité ou avec un casque digne de ce nom, vous passeriez à côté de quelque chose... Probablement un des meilleurs album d'IDM jamais créé et pis c'est tout.
(2e partie ici: http://rapidshare.com/files/39357986/BOEth179SJ-Pev1.part2.rar
source: boards of electronica)

A shocking Hobby (NovaMute, 2000)

Assez similaire au niveau sonorités que Public Energy No1, cet album est encore plus dark que ce dernier. Sorte de bad trip sous acide, c'est une musique dure et abrasive avec des passages de breakbeat colossaux, parfois des sonorités se bloquent, repartent de manière inattendue juste pour malmener votre cervelle déjà en bouillie. L'ensemble est assez froid et atmosphérique, et à l'instar de PENo1 la qualité et la profondeur sonore est proprement hallucinante. Une chose est sûre: c'est pas un album de tapette!


A noter aussi la sortie de 2 albums d'ambient "pure" sans aucun beats à la manière du génialissime "Selected Ambient Works II" d'Aphex Twin. Il l'a sorti sous son vrai nom Jochem Paap en 1999 sur le label d'ambient allemand Fax +49-69/450464 (oui oui, c'est le vrai nom du label) avec comme titre "Vrs-Mbnt-Pcs 9598 volume I" et "Vrs-Mbnt-Pcs 9598 volume II".
De l'ambient de qualité, très statique mais non sans intérêt.

3 commentaires:

  1. http://boardsofelectronica.blogspot.com/2007/09/speedy-j-patterns-remix-1997.html

    Un petit EP sorti pour Public Energy No1 qui vaut le coup d'oreille aussi.

    RépondreSupprimer
  2. Yes merci Viannet pour cette chouette rétrospective. Encore une tuerie que j'aurai découverte par Warp...

    RépondreSupprimer