lundi 21 juin 2010

Chorals.

Aujourd'hui, intéressons-nous à une question primordiale : qu'est-ce qu'un bon refrain dans le hip hop ? Si la question se pose, c'est qu'il y a des mauvais refrains, et ce depuis la montée en puissance de l'autotune et des voix r'n'b un peu fadasses qui viennent pourrir un flow haineux par des vibratos dignes de pop star. Le refrain en hip hop, déjà, il ne sert pas à grand chose, à part éviter que le MC meurt d'étouffement, emporté par ses rimes. Un moyen de souffler entre deux couplets, mais ce n'est pas une raison pour foutre en l'air une chanson.

Le dernier disque d'Eminem, Recovery est un exemple flagrant de raté. Eminem a toujours le chic pour envoyer du débit, de la colère et du rythme. Mais il faut que des nanas inutiles viennent le couper et rendre toutes ses chansons niaises. A l'époque, il samplait Dido et ça allait mieux. Puis sans refrain c'était pas mal non plus. Laisser les DJs s'exprimer est aussi une bonne idée, suffit d'écouter "That's My People" d'NTM. Le meilleur moyen de caser un refrain, c'est de laisser un autre MC s'y prendre, à la Mobb Deep.
Il faut pas pour autant négliger la puissance possible d'un refrain r'n'b dans une chanson de Hip Hop, et c'est là qu'intervient le disque du jour. Il est peuplé de refrains limites limites. Des fois très dancehall, d'autres fois presque ridicules, mais les gars s'y reprennent toujours bien et s'en sortent. Faut dire avec des flows comme ça, aussi syncopés, on oublierait presque quelques manques de bon goût genre "How I Got Over".

Mais il ne faut pas oublier le travail de l'ombre du hip hop. Les mecs qui mixent derrière, qui samplent et qui construisent des instrus. Et The Roots forment sans doute les dignes successeurs d'Immortal Technique. Il y a de l'audace dans le sample. Felipe Coronel, enfin, son DJ, lui ramène la BO de Love Story, et ça devient un monument de hip hop, sombre et lancinant. De l'audace donc, avec The Roots qui reprend "The Book of Right-On" de Joanna Newsom. Sampler de la harpe, ça en jette. Et, à l'instar d'Immortal Technique justement, The Roots réussit à alterner entre pièces de noirceur et morceaux bling bling. Même s'ils tirent leur épingle du jeu dans le premier registre.

Malgré quelques fautes de goût en terme de refrain, The Roots sait sampler et balancer du débit. L'album s'appelle How I Got Over, vient de sortir chez Def Jam, et ça aidera pour le bac.

3 commentaires:

  1. Bon le refrain ça restera le grand perdant de l'année, celui qui aura fait capoter le plus d'album. Même ici, je n'arrive pas à prendre du plaisir à ces incursions.

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  2. Ecouté ... et approuvé.
    Même s'il me laisse un arière-goût de ... "trop évident".

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  3. Évident et efficace, c'est déjà pas mal, en fait.

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