The Black Dog Runs At Night.

C'est la grille de l'été sur Inter. On le sait, exit Guillon et Porte, exit aussi Eclectik du samedi (ce qui me remplit de tristesse). Mais on se rassure avec des émissions géniales comme Les Persifleurs du Mal de Philippe Collin, une heure à parler du Mal, du vrai. De Aileen Wuornos, tueuse en série, à Jacques Vergès, tout y passe. Je crois qu'il y aura une émission sur Murnau, et j'attends avec impatience les émissions sur Albert Fish ou Jeffrey Dahmer. Le Mal, avec son M maudit, et quoi de mieux, pour se mettre dans une ambiance "rions avec les serial killers" qu'un bon album d'indus glauque, malsain, suintant les ténèbres.

Puis, déjà, en étudiant la pochette de ce Rabies de Skinny Puppy, on peut voir plusieurs figures emblématiques de l'axe du malin. On y trouve Adolf Hitler, des images de guerre, des regards lubriques et des corps calcinés. Pas étonnant de retrouver dans le coup un certain Al Jourgensen de Ministry. La musique de Skinny Puppy est attirante comme le train fantôme. On y va pour se coller des frissons en sachant pertinemment que c'est factice. Mais se faire peur, c'est des sensations. Se plonger dans Rabies c'est s'immerger dans une haine implosive, aux ongles crochus et au rictus terrifiant comme celui de Charles Manson. Des ambiances glauques à la Lynch version torture dans Blue Velvet, ou version cris insoutenables de la "chose" étrange d'Eraserhead. Cette musique mécanique, sèche et malsaine est fascinante comme les serial killers. Elle incarne le fantasme du Mal, ce dont on rit pour éviter d'avoir peur. Les quelques passages punk presque dance, typiquement indus à la Ministry version "Jesus Built My Hotrod" tentent vainement de faire oublier cette chute vers les enfers.
On pourrait penser que ce disque a mal vieilli comme le Clockwork Orange de Kubrick, les décors, les dialogues, semblent sonner faux, mais Skinny Puppy, comme le film de Kubrick, a fait la légende du Mal, ce Mal gratuit, infondé, irrationnel comme l'ont fait Jack l'Eventreur ou la comtesse de Bathory en des temps anciens.

Skinny Puppy exorcise le démon avec son Rabies de 1989 sur Nettwerk, et ils mériteraient une émission des Persifleurs du Mal.