lundi 13 septembre 2010

"Back in '84".

Ne vous fiez pas à l'atmosphère calme et paisible à la Gus Van Sant de la pochette. Ici, c'est plutôt le côté "American Dad" qui est prépondérant. Une banlieue paisible, certes, patriote et aisée, oui. Mais avec des gamins qui s'ennuient profondément. Donc ils font de la musique et du skate. Rien de plus cliché jusque là. Manquerait plus qu'ils aient acheter des guitares pour jouer du Blink 182 et du Green Day. Et en plus, ils viennent de Californie. On pourrait s'attendre au pire. Mais les mecs de Ceremony ne se fourvoient pas dans un punk potache ou trop gentillet. Au contraire même, ils tendent vers les pentes hardcore.

Faut dire que, pour sortir de l'espace vide qu'est la musique extrême normal, il faut apporter une petite chose en plus. Pour ne pas faire ce metal ennuyeux qui inonde les sweats à capuche, il y a deux solutions. Les deux tendent à radicaliser le projet, forcément, on n'est pas dans la recherche du confort ici. La première solution est donc radicale : on ralentit complètement, jusqu'à abolir la notion même de rythme. Résultat, du doom ou même du drone, si on est vraiment extrême. L'autre solution est tout aussi absolu : on multiplie le tempo par deux et on hurle plus fort sur un format plus court (une minute et demi en général, juste le temps de se péter le nez dans une fosse). L'appellation hardcore ne veut pas dire "noyau dur" pour rien, frange extrême réservée au départ à quelques crasseux trop intègres pour ralentir. C'était les années 80 et Minor Threat. Le début des années 80, âge d'or du hardcore, du straight edge et d'autres aberrations. Nostalgique, Ceremony redonne vie aux plus belles années Dischord, à cette vingtaine de groupes qui faisaient tous la même musique avec la même envie, la même brutalité sommaire, les mêmes hurlements remplis de rage. Rien de bien neuf sous le soleil, mais aucune raison de se priver d'une porte grande ouverte vers l'exutoire. On n'est plus obligé de se raser la tête pour écouter ça maintenant, il suffit de la secouer en rythme. "Back in '84" comme ils disent.

C'est donc tout frais de cette année, ça s'appelle Rohnert Park par Ceremony, c'est sort chez Bridge Nine Record, et c'est pas le genre de disque à compromis.




Et, du fait de ce format court obligatoire, le disque dure 30 minutes. Ce qui fait qu'il est nécessaire d'avoir une double dose de hardcore. Chez The Plight, c'est plus moderne, moins sommaire, mieux foutu, mais pas moins haineux. Ils font des morceaux de deux minutes trente, eux. On est plus proche de Gallows que de Minor Threat, avec ces petites touches émos cachées derrière le chant qui vient du plus profond de la gorge. De la rage à l'anglaise, plus distinguée et recherchée. Et pour leur donner du crédit, on pourra dire qu'ils ont tourné avec Converge.

C'était en 2007 que The Plight sortait son EP Black Summer chez Visible Noise. Et "Ball & Chain" finira de vous convaincre.

The Plight - Ball And Chain by LouNathanson

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