lundi 11 octobre 2010

Eternal Sunshine of the Spotless Mind.

"Bonjour, ce serait pour une lobotomie, le pack complet, oubli à 100%, le trait total sur mon existence, le départ à zéro. Oui. Merci. Je ne vous dis pas à bientôt." Un jour, c'est sûr, la lobotomie, le lavage de cerveau sera proposé dans n'importe quelle boutique de bien-être, entre l'épilation du maillot et la french-manucure. On pourra choisir à quel point on oublie, on pourra décider d'effacer un souvenir bien précis. De quoi attendre la félicité perpétuelle, le sourire béat et l'absence de consistance. L'égalité la plus totale dans l'idiotie heureuse. Nier son vécu, belle idée. Mais ne pas sous-estimer les conséquences. C'est irrévocable, pas de retour arrière, pas de "page précédente" pour recommencer.

Alors, Access to Arasaka propose mieux. La mise en parenthèse. Void(); n'a pas qu'une écriture étrange. Il y a ces deux parenthèses et ce point-virgule. Mettons en suspens, enfermons l'espace d'un instant la vie réelle, et point virgule. On ouvre vers quelque chose de nouveau, mais qui n'a pas forcément rapport. Ou du moins, pas directement. Une remarque, par exemple. Quelque chose de strictement nécessaire mais impossible à exprimer autrement. La plus belle des ponctuations, la rupture de construction. Oui, rien n'est laissé au hasard ici. Même ce qui semble totalement aléatoire, comme les titres. Tout est prévu, même la déconstruction la plus totale. Chaque son a une histoire. Avant de pénétrer le tympan, il naît dans des circuits, s'épanouit et se fracasse ensuite contre d'autres sons. C'est bien pire qu'une course de spermatozoïdes, c'est un grand défilé organisé de sons infimes et profonds qui forment une armée imperturbable et indestructible. Elle est violente parce qu'elle est immuable. Rien ne peut arrêter sa progression, une inertie totale qui remonte le circuit, le cordon du casque et vient se battre avec le cerveau. Chaque synapse essaie d'analyser. Mais rien. Juste un assaut perpétuel sans sens. La mise en parenthèse de tout face à l'abstrait.

Et pourtant, derrière une incompréhension certaine, un doute sur les raisons de tout ça, un questionnement métaphysique (pourquoi s'infliger cela ?), il y a un certain plaisir. Quelque chose d'inexplicable, comme nos premiers émois avec Autechre. Un plaisir irrationnel, le plaisir de mettre en parenthèse le réel, de s'ouvrir à d'autres chemins insondables, toujours plus profonds, plus abstraits, plus fous.
Access to Arasaka réinvente la lobotomie à temps partiel sur Void(); sur l'excellent label Tympanik, et point-virgule.

5 commentaires:

  1. Oui c'est un groupe assez intriguant. Et j'aime bien cette idée double de mise entre parenthèse et de prolongation après une respiration.

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  2. Tu devrais peut-être dire une fois ce que tu en penses, non?

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  3. C'est-à-dire ? Je comprends pas ce que tu veux dire...

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