mardi 5 octobre 2010

Fight Club.

Et si on faisait de la prospective ? La semaine prochaine, Facebook sera encore plus partout, puisque on en sort même un film. The Social Network donc, d'un certain David Fincher. Et, déjà, sans avoir vu autre chose que la bande annonce d'un seul œil, je l'annonce : ce sera très mauvais (article polémique, aujourd'hui). Pourtant, l'histoire est parfaite, le pitch se fait en une ligne bien accrocheuse : "grandeur et décadence de Mark Zuckerberg, jeune asocial génial qui a révolutionné le monde en vendant l'intimité des gens ou comment ruiner sa vie en voulant la rendre plus belle".

Il y a tout, de l'amitié remise en cause, de l'amour qui tourne à la haine, de l'argent, Justin Timberlake. Du drame, du spectaculaire, et un propos tellement dans l'air du temps. David Fincher va gentiment nous expliquer que Facebook c'est bien dangereux, que les gens vous espionnent, que toutes les données sont vendus à des vilains capitalistes. On le connait, Fincher, il va nous refaire le coup de Fight Club.
Parce que après tout, Fight Club, c'est juste le Taxi Driver de Scorcese version aube de l'an 2000. Un mec qui ne dort pas la nuit, qui s'ennuie à mourir, qui décide de trouver un truc à faire de sa vie, ça prend une ampleur qu'on imagine pas au début, et ça finit par tout péter. Scorcese a été intelligent et est resté dans le plausible sans tout connoter d'un pseudo-fond "teenage angst". Dans Fight Club, on a de la schizophrénie en bonus, et des explosions à tout va. C'est ce qu'on pourrait appeler une parodie. Fight Club, en quelque sorte, c'est Taxi Driver par les Inconnus.
Fincher c'est un peu un prophète, il nous explique que tout va péter sans raison, que l'économie mondiale va dans la mauvaise direction. Et que de toute façon, le système il est tout pourri. Monsieur Fincher enfonce donc les portes béantes, avec entrain !

Alors, je le vois gros comme les bureaux de Facebook, il va nous ressortir sa brillante morale sur la société devenue bien méchante, individuelle bien que hyper connectée. Et en plus, Facebook travaille avec les grandes multinationales. Tout ce qu'il aime pas le Fincher. Le tout, dans un biopic hyper stylisé comme il sait faire, avec des phrases aussi catchy que "j'avais envie de détruire quelque chose de beau" pour que les jeunes notent ça sur leurs nouveaux agendas. Je reconnais qu'au moins, avec Benjamin Button, le fond était supportable parce que c'était ce qu'on attend d'un mélodrame. Mais il va nous la ressortir, sa niaiserie sans fond ni recul. C'est sûr. Je prend les paris.

Mais heureusement, dans son génie créateur, Fincher a délégué la musique. Et il a refourgué ça à Trent Reznor et son compère de toujours, Atticus Ross. Au programme, une heure de musique instrumentale assez réussie. On ressent la patte Reznor d'un bout à l'autre. Ce sont les mêmes mélodies de quelques notes décomposées. Les mêmes rythmes que d'habitude. Le même son que depuis quelques années maintenant, un peu froid et mécanique, peut-être pas assez violent. Mais ça me réjouit, il n'y a pas de voix de femme là-dessus, et parfois, ça me ferait presque penser à Pretty Hate Machine. Mais dans l'esprit, Trent nous a ressorti un Ghosts (où Atticus Ross était déjà là). Et quoi qu'il arrive, ce sera la seule qualité du film.

Trent Reznor n'a, hélas, toujours pas retrouvé sa hargne d'antan, mais il sait toujours créer des ambiances - la même, certes. La bande originale de The Social Network, le nouveau carton de David Fincher, est sortie depuis fin septembre chez The Null Corporation, le label indépendant tout neuf de Reznor, et je sais pas trop si Fincher mérite ça.

10 commentaires:

  1. Oui la bande-annonce, vu il y a quelques semaines, n'inspire pas confiance... d'autant plus que j'apprends seulement depuis peu qu'il s'agit d'un Fincher. Ses deux derniers films m'avait réconcilié avec ce réal, les précédents étant dignes des plus belles baudruches (la palme revenant à Fight Club, meilleur film de l'année de 1999 si on en croit les cinéphiles de l'époque qui lisaient la presse cinoche... misère).
    L'armistice n'aura duré qu'un temps, Social Network ou tout du moins sa BA ne donne pas envie... belle litote.

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  2. Je demande des droits d'auteurs sur le deuxième paragraphe! (cliquez!) En fait non, l'idée de base je te l'avais piquée donc bon...
    Sinon je suis bien d'accord avec toi, autant pour le film que pour le reste, même si j'ai écouté ça que d'une oreille.

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  4. Je ne reviens pas sur la BO dont il n'y a pas grand chose de plus à dire dessus, en revanche tu te craques complètement sur Fincher.

    On reparlera de The Social Network plus tard, mais il s'agit bien plus d'un film sur un type qui n'arrivant pas à s'intégrer au monde social existant a décidé de réinventer celui-ci en s'y attribuant une place privilégiée, que d'un film sur les vilains capitalistes. C'est une histoire bien plus proche de Citizen Kane que d'un docu de Michael Moore.

    De toute façon, Fincher n'a jamais été un réalisateur politique et encore moins un réalisateur anti-capitalliste ou soucieux de faire passer une idéologie et de véhiculer des clichés plein de niaiserie. Au contraire c'est un réalisateur qui ne travaille quasiment que sur un thème : la solitude. Je reviendrai dessus plus longuement mais comme ça, je trouve étrange de se livrer à des réflexions sur l'oeuvre de Fincher en ne tenant compte que de Fight Club (qui n'est de toute façon pas ce que tu en dis).

    "sa niaiserie sans fond ni recul"... as-tu déjà lu des interviews de Fincher ? As-tu vu Zodiac ???

    Bon au moins on est d'accord sur la BO :)

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  5. J'ai dû lire une interview. Et pas vu Zodiac non, je t'avouerai que c'est pas les films sur lesquels je me précipite.

    Fincher n'est peut-être ni politique ni anti-capitaliste, il met tout le temps dans ses films une morale niaise comme tout. J'y peux rien moi. Et le reste, c'est juste pour cracher sur Fight Club, le film le plus surévalué de l'histoire du cinéma. Il est plus du côté nanard prétentieux que du côté "film d'une génération", autant d'un point de vue scénaristique, cinématographique et sur le fond (si tant est qu'il y en ait un...).

    Lis l'article de Joris en fait, il résume tout ça très très bien : http://the-innocent-bystanders.cowblog.fr/i-got-some-bad-ideas-in-my-head-3007768.html

    Mais la BO est bien. Ça sauvera peut-être le film, que j'irai voir rien que pour t'expliquer à quel point il est mauvais (et parce que c'est gratuit aussi).

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  6. Mais au niveau scénaristique, il colle justement mot pour mot au bouquin de Chuck Palahniuk qui pour le coup est bien générationnel. Que tu aimes ou que tu n'aimes pas, ça n'enlève rien à l'impact générationnel d'un livre qui se définit indépendamment de toute notion de qualité.

    Sinon je suis impatient que tu "m'expliques" combien The Social Network est mauvais. Mais pour le coup tirer une conclusion hâtive sur le prochain film d'un mec capable de réaliser un film comme Zodiac, me laisse toujours assez perplexe :)

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  7. Ma haine pour Fincher (et Fight Club en particulier) n'a d'égal que ma haine pour Jean-Luc Godard. Quoique pour Godard c'est encore pire. :D

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  8. Si je peux me permettre, je ne trouve pas que le film retranscrive exactement le bouquin de Palahniuk. Le bouquin, car c'est un bouquin, est beaucoup plus subtil dans sa manière d'amener les choses et dans sa façon de traiter le sujet. Subtilité dont Fincher est dépourvu, c'est bien pour ça que le film ne me plait pas.

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  9. C'est vrai que Fincher est subtil, contre le dédoublement de personnalité, tiré vous une balle dans la tête ^^
    Fight Club est mauvais et restera mauvais, surévalué? le mot est faible...

    Sinon, effectivement, Zodiac m'a fait réévalué la piètre opinion que j'avais de la filmo de Fincher, tout comme le film suivant, son mélo très classique et académique mais très agréable.

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