jeudi 25 novembre 2010

Terrible Lie.

Dans mes dadas, il y a se poser des questions sur Trent Reznor. Et le critiquer aussi, lui balancer des "t'es vieux mon gars, ta musique est toute lisse, sans la haine et la rugosité d'antan". Parce que, même si moi aussi je vieillis, j'attends toujours que Trent me perfore les tympans avec des sons industriels, m'hypnotise avec des beats sexuels et permette des divagations de l'esprit dans un océan de sons étranges et enivrants. J'ai souvent essayé de convaincre de nombreuses personnes sur le fait que Pretty Hate Machine était le meilleur album de Nine Inch Nails. Pas que j'étais convaincu moi-même, mais que c'était par là que j'avais pris ma claque. Que j'avais découvert Trent Reznor, et tout un horizon qui s'ouvrait vers le glauque et la violence mécanique de l'indus. On me répondait souvent un lapidaire "ouais non, j'aime pas le son, The Downward Spiral est indépassable". Et le pire, c'est que c'est vrai.

Mais l'histoire va dans mon sens. Même si je l'avoue, j'ai eu très peur. Maintenant que Reznor se contente de faire la BO du mauvais film de Fincher, sort des albums aseptisés avec sa femme et ma rengaine habituelle sur le temps qui passe et la colère qui s'évapore peu à peu, on pouvait s'imaginer au pire. Parce que retravailler Pretty Hate Machine, un album profondément ancré dans la fin des années 80, avec ce son synthétique proche de Skinny Puppy, avec une violence très retenue, une sorte d'implosion constante, c'est périlleux. J'imaginais déjà le pire, un Trent Reznor qui nous lisserait tout ça avec les sons actuels, enlevant tout le charme de Pretty Hate Machine, tout le déluge artificiel des machines... Non mais imaginez une seconde Pretty Hate Machine avec le son de How to Destroy Angels. Je m'y attendais. Alors j'ai enfilé mon casque, et lancé cette nouvelle mouture.

Et Hallelujah ! Trent n'est pas si vieux. Ou il est seulement très intelligent. Il n'a pas du tout fait ce dont j'avais peur, mais tout l'inverse. En plus de nous permettre entendre des choses jamais entendues avant dans ce disque, Trent a asséché encore plus Pretty Hate Machine, lui enlevant toute humanité, lui rendant son âme originelle sans la dénaturer une seconde. C'est toujours froid comme un macchabée ou le sourire de Marlene Dietrich, synthétique et mécanique comme un monte-escalier pour personne âgée qui regarde Derrick. C'est encore plus agressif, plus sourd. Donc plus malsain encore.
Et donc j'avais raison, parce qu'en redonnant à Pretty Hate Machine le son qu'il aurait dû avoir si l'époque le permettait, Trent Reznor lui donne toute son ampleur, toute sa force, et lui rend par la même occasion le statut de chef-d'oeuvre absolu.

Universal sort cette année cette "reissue" de Pretty Hate Machine, de Nine Inch Nails. Un joli coup pour actualiser le dépassé, remettre les tempêtes au goût du jour.

2 commentaires:

  1. Oh putain je viens d'écouter, et c'est juste énorme, je suis scotché. C'est encore plus puissant que la version originale, y'a un effet de surprise assez inattendu.

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