dimanche 4 avril 2010

Le fils du père Noël.

Dans la longue liste des groupes qui se reforment, dans la surprise générale, Chokebore s'est ajouté. Il s'est aussi ajouté dans la liste des groupes que je tuerai pour voir et que je ne pourrai voir, avec Pavement. Rater Pavement ou Chokebore, c'est rater des mythes, passer à côté de monuments. Il y avait les Pixies, qui tournaient pour le pognon aussi. Et si je cite ces groupes, c'est pas vain. Parce que Chokebore s'intègre parfaitement entre tous ces groupes, Chokebore est au milieu des années 90, un groupe purement nineties.
Tout ça, c'est avant tout le problème de Troy Von Balthazar dont la voix dégage une puissance émotionnelle comme celle de Ian Mackaye une sorte de douleur profonde mêlée à un soupçon de haine. Quand on sait que Chokebore a fait les premières parties de Nirvana, on comprend mieux l'itinéraire du groupe. Ils s'aventurent quelque part entre le rock des Pixies, les mélodies de Spiritualized ou des Stone Roses et la fougue du grunge et du punk d'un Kurt Cobain. On y trouve les prémisses du post-punk à la At The Drive-In, avec un poil plus de lourdeur, sans tomber vraiment dans le hardcore. Typiquement nineties, quoi.

Motionless (1993)

La musique n'excuse pas tout... Parce que les disques ont beau être excellents, les pochettes de Chokebore sont toujours laides, voire très laides. Et dès 1993 avec leur premier disque, ils n'attirent pas l'oeil. On croirait une pochette d'Alice in Chains presque, c'est dire. Mais on passera au-dessus de ça, et on se focalisera sur l'énergie digne de The Gun Club ou de 16 Horsepower, avec entrain et saturations. Énergie et lourdeur du son, sans concession. Quand on sait qu'ils viennent d'Hawaii, on se dit que les chemises à fleurs et les "aloha" sont bien loin. Tant pis, voire tant mieux.



Anything Near Water (1995)

Anything Near Water est mon préféré. Parce qu'il possède tout ce que j'aime dans le grunge, il mêle puissance et émotion, haine et détails mélodiques étranges, simplicité et énergie. Tout cela est résumé dans la deuxième chanson, "Comeback Thursday", digne d'un "Drain You" de Nirvana ou d'un "Blueprint" de Fugazi. Ce deuxième album lance une discographie sans erreurs, d'une puissance rare, d'une émotion forte. On retrouve même des similitudes avec Pavement parfois, gage de qualité, comme sur "Lemonade". D'une certaine manière, la recette est la même qu'avec Nirvana. On feint le morceau calme avec deux mesures en son clair, avant d'envoyer la sauce.

A Taste for Bitters (1996) et Black Black continuent dans cette lignée, avec la même intégrité et la même poigne. Finalement, il faut attendre les années 2000 pour que la méthode change, sans rien y perdre pourtant.

It's a Miracle (2002)

Un miracle ? Se renouveler ainsi après dix ans de fureur, c'est en effet peut-être un miracle. Encore un parallèle avec Ian Mackaye, qui passe de Minor Threat à The Evens, d'un hardcore déchainé à un folk délicat. Chokebore suit le même chemin, même si "Ciao L.A." peut faire penser l'inverse. (Chanson qui me fait d'ailleurs penser à une chanson gigantesque et parfaitement inconnue, d'un groupe tout aussi inconnu : Iran. Elle s'appelle "I can see the future" et elle ferait danser quiconque, burqa ou pas). Enfin, le fait est que Chokebore n'est plus adolescent et s'éloigne de la fougue. Même l'artwork est presque beau. Un miracle, là aussi. Un album tout en ambiance, en recul et en finesse, qui contourne l'énergie d'antan sans perdre l'émotion et la sincérité... Une des plus belles réussites du groupe, avec "Ultra-Lite" en sommet d'intensité, et un "She Flew Alone" de velours pour conclure.

Ils passent un peu partout cet été, en France et en Belgique, avec Dour en point d'orgue. Les dates sont .

3 commentaires:

  1. Il y a un morceau de Chokebore que je vais régulièrement réécouter et réécouter encore, c'est "Speed of Sound" sur "Black Black". D'une intensité rare! J'ai beaucoup aimé aussi les albums solos de Troy Van Balthazart...

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  2. Oui, "Black Black" est vraiment bon, lui aussi.
    J'ai pas encore écouté le boulot solo de Troy, mais ça ne saurait tarder.

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  3. Je viens de réécouter Anything Near Water, et la claque m'est tombée dessus! Thin As Clouds et Weightless sont énormes...

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