Depuis deux ans maintenant, la mode est à la décroissance. Enfin, depuis mai 68 on pourrait dire, il est question de remettre en cause la "société de consommation", parce qu'on perd les vrais valeurs des anciens temps au profit d'un capitalisme forcené. Des Jérôme Kerviel perdent pieds tellement il y a de zéros, où les joueurs français oublient de jouer tellement ils sont payés et ils roulent dans des belles voitures.
Une société de consommation, donc, décriée par tout le monde, à tort ou à raison, moi je m'en secoue pas mal.
Et beaucoup tentent de fuir cette société, d'élever des chèvres dans le Larzac, d'être troglodytes ou de recycler l'eau de pluie. Ajoutons à cela une montée en puissance de l'alarmisme écologique et une prise de conscience qu'il faut sauver la planète, une pincée d'altermondialisme, et on obtient ce qu'on peut appeler la décroissance. Mais, en parallèle, il y a des mouvements bien plus intéressants, comme "l'unconsumption", du recyclage en gros. Utiliser un tabouret pour faire un lustre, des t-shirts pour faire une cheminée, etc... Des actes artistiques et protestataires sûrement (donc des paradoxes ambulants, mais passons).
Et bien figurez-vous que Cat Power a d'une certaine façon fait partie d'un de ces mouvements. Elle y contribue encore aujourd'hui, d'ailleurs. En 2008, elle sort le décevant et raté Jukebox, où elle se prend au sérieux, se cache derrière des orchestrations trop impressionnantes. Alors que huit ans plus tôt, elle avait réussi de la plus belle des manières ce pari insensé de faire un "cover album". Une autre preuve que tout fout l'camps.
En 2000, Chan Marshall ne se cachait que derrière le nom de Cat Power et sa guitare. Sinon, elle était nue comme l'est aujourd'hui une Jesy Fortino. Elle avait simplement sa voix suave et sa guitare, pour recycler standards et chansons de ses amours de jeunesse. Son plus grand amour est Bob Dylan, et elle est une des rares personnes a avoir réussi à chanter Dylan sans se ramasser, avec un "Paths of Victory" scintillant. Elle s'accapare les chansons, leur enlève un refrain fédérateur ("Satisfaction" des Stones, rien que ça) et donne une nouvelle vie au "I Found a Reason" du Velvet Underground. The Covers Record prend sa force dans son intimisme et sa simplicité. Un retour aux temps anciens, pourrait-on dire. C'est plutôt un refus des artifices qu'il serait idiot de lier à un quelconque mouvement contestataire. Quelque chose fait pour se faire plaisir, partagé avec humilité, et réussi. Pas plus que ça.
Cat Power sort The Covers Record en 2000 chez Matador, comme une preuve que les temps changent, mais que les œuvres restent.
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