mardi 21 septembre 2010

Stardust Memories.

Rien n'a changé. Il y a toujours des jeunes femmes pensives, le regard dans le vide dans des couleurs pastelles. Il y a toujours ces lettres sobres comme les génériques de Woody Allen. Toute la mythologie est de retour, Stuart Murdoch n'a rien oublié des recettes qui faisaient de chacun de ses disques un bijou. D'ailleurs, dans l'histoire, la musique a pas grand chose à voir. C'est la mythologie qui compte.

Tout le monde est capable de raconter sa première rencontre avec Belle & Sebastian, comment l'œil a été attiré sur le maquillage d'une enfant qui a coulé, comment les hormones du plaisir se sont répandues dans tout le corps sur "Another Sunny Day", les larmes qui montent sur "The Chalet Lines". Tout le monde a son histoire avec Belle & Sebastian, ses souvenirs. Un véritable groupe culte, qu'importent les générations, l'âge ou le sexe. C'est un rapport très intime à la musique, un rapport qui dépasse la musique. Cette musique est tellement attachante qu'on leur pardonne tout. Des albums un peu ratés, des projets étranges (God Help the Girl par exemple). A tel point que n'importe quel album de pop pas trop raté, qui fait penser à Belle & Sebastian ne peut être conspué. Stuart Murdoch a modelé tout notre inconscient avec sa pop, il a façonné nos attentes et nos souvenirs en leur offrant la bande son parfaite. Il a procuré à tous la musique parfaite pour réaliser tous ses fantasmes musicaux : écouter de la musique allongé dans l'herbe sous le soleil aveuglant, marcher des heures sous la pluie ou encore courir après un bus à en perdre haleine. Toutes ses situations, aussi ridicules soient-elles, prennent une dimension romanesque et romantique dès lors que Belle & Sebastian entre dans l'alchimie. Belle & Sebastian pourrait même vous faire regretter les états avancés de déprime de votre premier chagrin d'amour, c'était tellement beau avec cette musique.

Alors retrouver Belle & Sebastian en 2010, c'est comme retrouver un vieil ami, on a absolument rien à se dire, on est même un peu déçu, mais une fois qu'il est parti, il ne persiste qu'un sentiment de légèreté, un "finalement, c'était vachement bien", et une envie profonde d'y retourner. On aime plus les souvenirs que les choses en elles-même, c'est bien triste, mais tant que ça marche...
Alors Norah Jones ou pas, orchestrations un peu kitsch et rétros ou pas, voix féminines ou pas, album réussi ou pas, c'est Belle & Sebastian. Matador sort Write About Love, et ce sera de toute façon le disque le plus attachant de l'année. Pas parce que sa musique est belle, joyeuse et mélancolique, comme d'habitude, mais parce que c'est Belle & Sebastian, simplement.

2 commentaires:

  1. Oui c'est Belle & Sebastian, oui tout ce que tu dis est vrai (et touchant), mais pour le "album réussi ou pas" on est tellement dans le pas, que j'en reste perplexe. Je vais évidemment approfondir mais comme ça, il s'agit de loin de leur plus mauvais disque.

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  2. Oui, il est pas très bon, mais au fil des écoutes on s'habitue. Et je l'aime presque bien maintenant. "I want the world to stop" notamment, est une super bonne chanson.

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