lundi 10 janvier 2011

Straight Edge.

Il y a trente ans maintenant, Ian Mackaye hurlait dans un déluge sonore, toutes guitares dehors : I've got better things to do than sit around and smoke dope 'cause I know I can cope. Testament de foi, d'intégrité, de rigidité. Mackaye lançait en quelque sorte ce qu'on appellera le straight edge. Se raser le crâne, ne toucher à rien, croire en soi. Aucune dérive n'est acceptée, aucun excès ne se justifie. Tout est dans le I know I can cope.

Alors quand, en 2011, Mogwai, sort un album nommé Hardcore will never die, but you will, il y a quelque chose de profondément straight edge derrière. Un autre testament de foi : "notre musique, notre conception de la musique, notre intégrité ne mourra jamais. C'est toi qui mourra, salaud !". Et rien d'illogique là-dedans. Quand on connait l'influence de Mogwai sur la scène Screamo, par exemple (Envy le revendique), et quand on écoute la musique de Mogwai. C'est du Screamo sans hurlements. L'appellation hardcore, dans son sens le plus large n'est pas volée. C'est le noyau dur, un certain jusqu'au-boutisme dans la prétention, l'envie, et l'ambition. Mogwai est profondément straight edge. Pas d'excès, une musique carrée, sobre, rigoureuse, où les couches s'accumulent pour former un noyau dur, un cœur nucléaire, et débouler en cadence. Mogwai annonce votre mort, et lance une entreprise de destruction massive, les nuances habituelles du post-rock s'effacent au profit de morceaux plus courts, plus tapageurs.

Mogwai fait primer le concept sur l'humanité. L'intégrité sur la sincérité. Et donc, naît l'austérité. Peut-être qu'ils lancent derrière eux une vague de destruction, quelque chose d'invariable, mais ils en oublient presque les excès. Excès de sensibilité pour aller vers la beauté, excès d'émotion. A vouloir être dans le cadencé parfaitement, calibré comme il le faut, Mogwai tombe dans le travers du post-rock. Entre ambition de perfection et sensibilité à fleur de peau, ils ont choisi la première solution, s'éloignant par exemple des merveilles d'Explosions in the Sky. Mogwai vous lance à la face son intégrité, une machine que l'on ne peut arrêter, aux attraits de perfection, prête à piéger quiconque. Mais cette machine a un cœur qui bat par intermittence, seulement quelques fois dans cet amas sonore.

Mogwai veut redonner vie à la pensée hardcore en 2011, chez Sub Pop, avec Hardcore will never die, but you will. Et je préférerai qu'ils se posent des questions, plutôt qu'ils aient une telle assurance. Ça les rendrait plus humains.

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