vendredi 7 janvier 2011

Wild at Heart.

Brouiller les pistes, comme d'habitude. Voir que Deerhoof s'attaque au Mal, au diable, c'est source de nombreuses questions. D'autant avec cette pochette étrange, entre l'affiche d'un combat de catch et un artwork de groupe de metalcore emo... Étrange.
Mais pas tant que ça, en fait. Parce que Deerhoof est un groupe d'aventuriers sonores, comme pouvait l'être Deerhunter, comme l'est Jamie Stewart, Sonic Youth et d'autres groupes nés dans les années 90. Il faut l'imaginer, cette bande de quatre trublions, s'équiper. Serrer les sangles et se lancer dans le vide d'un nouvel album.

Cette fois, ils ont fait table rase de ce qu'il y avait avant. Un album sûrement enregistré dans une cave de San Francisco, qui est produit, mixé, enregistré par le groupe seulement. Sans aucun intermédiaire. Sans aucun intervenant extérieur.
Donc Deerhoof défie le Malin de manière frontale, sans aucune aide extérieure, sans aucun conseil d'un quelconque druide. Ils s'en vont juste avec leurs armes, dans une quête délurée. Sans aucune peur au ventre. Et, alors qu'on pourrait s'attendre à un indigeste rapport de force tout en tension, Deerhoof tente d'intimider le Mal, comme Orphée charme Cerbère. Outre les volutes d'expérimentations habituelles du groupe, à l'instar d'un Stereolab ou d'un Broadcast, Deerhoof s'élance dans des comptines pop, pleine de candeur, mâtinée de riffs digne de Dinosaur Jr, de refrains imparables, de volupté kitsch et d'envie enfantine. Le tout porté par la délicieuse voix de Satomi Matsuzaki.

Tout est une question d'enrobage. Deerhoof brouille ses pistes, Deerhoof ne veut pas que l'on retrouve sa trace facilement. Mais ce qu'ils font, c'est de la pop, du mieux qu'ils peuvent. Sans aucune volonté de révolutionner quoique ce soit. Juste comme ils le sentent. Ils y vont comme ils défient le Mal. Pour s'amuser, avec le sourire. Un petit conte de fée donc, que l'on pourrait psychanalyser longtemps, mais ce serait se fourvoyer. Un petit conte de fée qu'ils continuent de transmettre; la tradition orale le veut, comme si rien n'était figé, et que tout pouvait bouger au dernier moment, sous l'impulsion incontrôlable d'un des membres. Deerhoof, c'est l'impétuosité du chat botté et le courage de Cendrillon, c'est la beauté de La Belle au Bois Dormant et la folie des sept nains. Un glorieux mélange imprévisible et imparable.

Les aventuriers de Deerhoof rechaussent les boots de randonnée cette année, avec un magnifique Deerhoof vs Evil qui sortira sur le super label Polyvinyl Records. Et ils reviennent de leurs aventures imaginaires avec un folklore bien à eux, et fascinant.

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